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jeudi 22 août 2019

Au fil de Loire



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".... au Mont Gerbier de Jonc ! "
Bien sûr ! Des générations d'élèves du primaire se le sont fait inlassablement répéter que-c'est-bien-là-qu'elle-prend-sa-source La Loire !... au beau milieu des magnifiques terres volcaniques du massif du Mezenc, aux confins de l'Ardèche et de la Haute Loire.




Entre 1300 et 1600 m, au delà de la grandeur de cette nature tantôt sauvage, tantôt façonnée par des siècles de labeur et de persévérance pastorale, nous sommes venus espérant trouver deux choses importantes à cette époque de l'année : la fraîcheur, que la vallée du Rhône ne connaît plus depuis notre retour des Balkans il y a plusieurs semaines. Et surtout, (au moment où l'aéroport Nice Côte d'Azur ouvre des liaisons quotidiennes avec la Chine, ou que Saint Nazaire crache à la mer un nouveau 7000 passagers ), le calme !
Ici... peu de monde, pression estivale minime, discrète, juste ce qu'il faut pour ne pas laisser tomber des villages dans l'oubli et satisfaire la curiosité du randonneur fouineur, toujours en quête d'authenticité.
Revenons en donc à cette source !




Enfin "Ses sources" ! Car avant d'être le ruisseau qui serpente dans les verts pâturages, la topographie des lieux forme un bassin versant avec trois rus qui, en plus d'alimenter en eau, alimenteront pour l'éternité la polémique entre "La véritable", "La Géographique" et "L'Authentique". Elles sont bien là, dans les prairies tourbeuses, au pied du cône volcanique de 1551 m.


Ne se doit-on pas de l'avoir grimpé au moins une fois dans sa vie ? Un peu comme pour s’acquitter des rengaines du "par cœur" des leçons de géographie ?



Elles n'offraient qu'une représentation bien sommaire à l'imaginaire des écoliers alors que ces paysages, bouleversés par tant d'activité volcanique, sont grandioses et impressionnants. Et surtout, c'est là le début d'une longue histoire, celle d'un long voyage de plus de 1000 km vers Nantes dans lequel il est simple de laisser la nature et les hommes parler des folies d'une rivière.
A 1753 m, le Mezenc, véritable phare des départements encore préservés de l'Ardèche et de Haute Loire, offre d'incomparables randonnées entre la pierre des coulées basaltiques, ses étendues de lande couvertes de bruyère, les lacs et les forêts. Panier de myrtilles à la main, on y débouche en plein ciel, au milieu des pelouses d'altitude, là où le regard porte jusqu'aux Alpes.






Par ici nous retrouvons encore la ligne de partage des eaux passant par ce Mt Mezenc, un des sommets bien reconnaissables des deux bassins versants Méditerranée/Atlantique. Et notre Loire n'y prend pas garde ! Déjà grossie de quelques petits affluents, elle se donne des allures de paisible rivière poissonneuse en entreprenant courageusement sa course vers le Sud.


Faux départ pourtant ! Sa destinée n'est pas méditerranéenne. Si elle parvient sans peine à faire son chemin dans les pâturages d'altitude, le Suc de Bauzon, volcan trop gros, trop dur va être son premier adversaire qui l'oblige à modifier son cap vers l'ouest pour tenter de continuer son histoire dès les premières gorges. Virage à 90°, à Rieutord : "la rivière qui tourne". Ses eaux iront donc à l'Atlantique !
Si jusqu'à ce point de sa jeunesse, l'homme et son ingénierie ne sont pas encore trop intervenus sur le cours de la rivière, ça ne pouvait durer !


A la Palisse, ses eaux doivent déjà accepter la première rétention d'un ouvrage hydroélectrique construit au siècle dernier et actuellement en rénovation.
Bientôt ce sont les premières forteresses féodales qui apparaissent sur les hauteurs. Les constructions grandioses n'arrêteront plus de jalonner son cours et son histoire jusqu'à la mer en affinant ses lignes qui deviennent de plus en plus élégantes entre ses hautes terres au X siècle féodal et ses vallées alanguies au XVI s plus renaissance.




Très tôt au Moyen Age, les seigneurs du coin ont vu dans ces étroits passages creusés par la rivière, l'opportunité de rançonner toute circulation des biens et des personnes qui traversaient les domaines où ils étendaient leur pouvoir. De là, sans doute, commencera le long processus du libéralisme de la taxation douanière vers la libre circulation et ... la mondialisation d'aujourd'hui.




Entre Arlempdes et Cussac certains affluents comme La Beaume, se précipitent encore en cascade pour rejoindre la grande sœur qui, majestueuse, traverse le Puy en Velay sous les arches de ses ponts de plus en plus nombreuses .



Quand ses hauteurs ne sont pas les vieilles places fortes des châteaux moyenâgeux, ses berges paisibles inspirent aujourd'hui de plus en plus d' aménagements d'urbanisme et de loisirs comme à Aurec.








Nous quittons la Haute Loire pour le département de la Loire avec la seconde retenue au barrage de Grangent dominée par le château d'Essalois.





Ensuite, le cours de la rivière, s'étire dans des régions de moins en moins accidentées à travers de vastes étendues plantées, souvent de maïs, il semble avoir de moins en moins de talent pour garder notre intérêt. Nous l'abandonnons en tirant plus à l'ouest vers le Livradois et les Monts du Forez, la Région d'Ambert.


Ici, ces hautes terres d'élevage aux pentes très forestières, restent attachées aux savoir faire d'autrefois. Outre la fabrication du fromage et la célèbre fourme, nous y découvrons les origines françaises et ancestrales de la production artisanale du papier, du feuille à feuille à partir de la patte de chiffons au moulin Richard de Bas, mais aussi la coutellerie à Thiers, les traditions d'estive et celles des jasseries dans les alpages de la Pierre Haute.
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Comme partout aujourd'hui, on redouble aussi ici d'effort pour le tourisme, l'espoir universel de lutte contre la désertification rurale. Alors nous embarquons à bord d'un de ses petits trains animés par les passionnés locaux du rail à destination de La Chaise Dieu. L'abbaye émerge tout juste d'un lifting de plusieurs années. Là aussi on aimerait bien tirer les bienfaits du tourisme attiré par la réputation de son célèbre festival de musique sacrée.




Pour se remettre de cette expérience populaire, nous retournons marcher en altitude du coté du Col de Béal et Haute Pierre. Un peu l'ambiance Mont Lozère, mais là, à 1600 m, si la nuit du mois d'août laisse du givre sur le pare brise au matin, le spectacle est grandiose vers le sommet hérissé d'antennes militaires. Par ces excellentes conditions météo que nous avons, il offre une vision circulaire sur un quart de la France, des Alpes au Puy de Dôme, de la Méditer-année au confluent Loire/Allier.




L'étape à Vichy puis à Moulins au riche passé des Bourbons et ses environs aux découvertes inattendues, nous permettent de rattraper l'Allier, son premier grand affluent qui lui donne alors toute son ampleur et sa majesté.



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A partir de leur confluence, les errances de Loire serpentent en de basses terres.
Diagramme dénivelé de Loire
Elle se prête davantage alors à sa découverte en vélo, mais aussi à la navigation intérieure par son canal latéral qui la rend navigable jusqu'à Briare.




En empruntant le long pont-canal du XIX s il est possible, à partir d'ici, de rejoindre Paris et l'Europe du Nord en navigant sur ce canal de Briare.






Dans un tout autre genre plus contemporain, ce sont les évaporateurs de la première centrale nucléaire refroidie par les eaux nonchalantes de Loire qui apparaissent à Blanville. Beaucoup d'autres vont suivre... Comme à Gien



Peu avant Orléans, un dernier bivouac plein de romantisme et de sérénité à Sandillon entre ses paisibles berges alanguies et sauvages depuis Nevers. Rien que le nom est à lui seul une invitation à poursuivre . Pour l'heure, la cohue estivale est toujours de mise. Alors nous reprendrons notre fil de l'eau une autre fois, peut être davantage à vélo, pour nous faire compter cette noblesse de France qui a su très tôt s'approprier le charme et la douceur du Grand Fleuve en parsemant ses rives des merveilleux palais que nous connaissons.