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08 06
"....
au Mont Gerbier de Jonc ! "
Bien
sûr ! Des générations d'élèves du primaire se le sont fait
inlassablement répéter que-c'est-bien-là-qu'elle-prend-sa-source
La Loire !... au beau milieu des magnifiques terres volcaniques
du massif du Mezenc, aux confins de l'Ardèche et de la Haute Loire.
Entre
1300 et 1600 m, au delà de la grandeur de cette nature tantôt
sauvage, tantôt façonnée par des siècles de labeur et de persévérance pastorale, nous sommes venus espérant trouver deux
choses importantes à cette époque de l'année : la fraîcheur,
que la vallée du Rhône ne connaît plus depuis notre retour des
Balkans il y a plusieurs semaines. Et surtout, (au moment où
l'aéroport Nice Côte d'Azur ouvre des liaisons quotidiennes avec la
Chine, ou que Saint Nazaire crache à la mer un nouveau 7000
passagers ), le calme !
Ici...
peu de monde, pression estivale minime, discrète, juste ce qu'il
faut pour ne pas laisser tomber des villages dans l'oubli et
satisfaire la curiosité du randonneur fouineur, toujours en quête
d'authenticité.
Revenons
en donc à cette source !
Enfin
"Ses sources" ! Car avant d'être le ruisseau qui serpente
dans les verts pâturages, la topographie des lieux forme un bassin
versant avec trois rus qui, en plus d'alimenter en eau, alimenteront
pour l'éternité la polémique entre "La véritable", "La
Géographique" et "L'Authentique". Elles sont bien
là, dans les prairies tourbeuses, au pied du cône volcanique de
1551 m.
Ne
se doit-on pas de l'avoir grimpé au moins une fois dans sa vie ? Un
peu comme pour s’acquitter des rengaines du "par cœur" des
leçons de géographie ?
Elles
n'offraient qu'une représentation bien sommaire à l'imaginaire des
écoliers alors que ces paysages, bouleversés par tant d'activité
volcanique, sont grandioses et impressionnants. Et surtout, c'est là
le début d'une longue histoire, celle d'un long voyage de plus de
1000 km vers Nantes dans lequel il est simple de laisser la nature et
les hommes parler des folies d'une rivière.
A
1753 m, le Mezenc, véritable phare des départements encore
préservés de l'Ardèche et de Haute Loire, offre d'incomparables
randonnées entre la pierre des coulées basaltiques, ses étendues
de lande couvertes de bruyère, les lacs et les forêts. Panier de
myrtilles à la main, on y débouche en plein ciel, au milieu des pelouses d'altitude, là où le regard porte jusqu'aux Alpes.
Par
ici nous retrouvons encore la ligne de partage des eaux passant par
ce Mt Mezenc, un des sommets bien reconnaissables des deux bassins
versants Méditerranée/Atlantique. Et notre Loire n'y prend pas
garde ! Déjà grossie de quelques petits affluents, elle se donne
des allures de paisible rivière poissonneuse en entreprenant
courageusement sa course vers le Sud.
Faux
départ pourtant ! Sa destinée n'est pas méditerranéenne. Si elle
parvient sans peine à faire son chemin dans les pâturages
d'altitude, le Suc de Bauzon, volcan trop gros, trop dur va être son
premier adversaire qui l'oblige à modifier son cap vers l'ouest pour
tenter de continuer son histoire dès les premières gorges. Virage à
90°, à Rieutord : "la rivière qui tourne". Ses
eaux iront donc à l'Atlantique !
Si
jusqu'à ce point de sa jeunesse, l'homme et son ingénierie ne sont
pas encore trop intervenus sur le cours de la rivière, ça ne
pouvait durer !
A
la Palisse, ses eaux doivent déjà accepter la première rétention
d'un ouvrage hydroélectrique construit au siècle dernier et
actuellement en rénovation.
Bientôt
ce sont les premières forteresses féodales qui apparaissent sur les
hauteurs. Les constructions grandioses n'arrêteront plus de jalonner
son cours et son histoire jusqu'à la mer en affinant ses lignes qui
deviennent de plus en plus élégantes entre ses hautes terres au X
siècle féodal et ses vallées alanguies au XVI s plus renaissance.
Très
tôt au Moyen Age, les seigneurs du coin ont vu dans ces étroits
passages creusés par la rivière, l'opportunité de rançonner toute
circulation des biens et des personnes qui traversaient les domaines
où ils étendaient leur pouvoir. De là, sans doute, commencera le
long processus du libéralisme de la taxation douanière vers la libre
circulation et ... la mondialisation d'aujourd'hui.
Entre
Arlempdes et Cussac certains affluents comme La Beaume, se
précipitent encore en cascade pour rejoindre la grande sœur qui,
majestueuse, traverse le Puy en Velay sous les arches de ses ponts de
plus en plus nombreuses .
Quand
ses hauteurs ne sont pas les vieilles places fortes des châteaux moyenâgeux, ses berges paisibles inspirent aujourd'hui de plus en
plus d' aménagements d'urbanisme et de loisirs comme à Aurec.
Nous
quittons la Haute Loire pour le département de la Loire avec la
seconde retenue au barrage de Grangent dominée par le château d'Essalois.
Ensuite,
le cours de la rivière, s'étire dans des régions de moins en moins
accidentées à travers de vastes étendues plantées, souvent de
maïs, il semble avoir de moins en moins de talent pour garder notre
intérêt. Nous l'abandonnons en tirant plus à l'ouest vers le
Livradois et les Monts du Forez, la Région d'Ambert.
Ici,
ces hautes terres d'élevage aux pentes très forestières, restent
attachées aux savoir faire d'autrefois. Outre la fabrication du
fromage et la célèbre fourme, nous y découvrons les origines
françaises et ancestrales de la production artisanale du papier, du
feuille à feuille à partir de la patte de chiffons au moulin
Richard de Bas, mais aussi la coutellerie à Thiers, les traditions
d'estive et celles des jasseries dans les alpages de la Pierre Haute.
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109 111 97 99 147 155 149
Comme
partout aujourd'hui, on redouble aussi ici d'effort pour le tourisme,
l'espoir universel de lutte contre la désertification rurale. Alors
nous embarquons à bord d'un de ses petits trains animés par les
passionnés locaux du rail à destination de La Chaise Dieu. L'abbaye
émerge tout juste d'un lifting de plusieurs années. Là aussi on
aimerait bien tirer les bienfaits du tourisme attiré par la
réputation de son célèbre festival de musique sacrée.
Pour
se remettre de cette expérience populaire, nous retournons marcher
en altitude du coté du Col de Béal et Haute Pierre. Un peu
l'ambiance Mont Lozère, mais là, à 1600 m, si la nuit du mois
d'août laisse du givre sur le pare brise au matin, le spectacle est
grandiose vers le sommet hérissé d'antennes militaires. Par ces excellentes conditions météo que nous avons, il offre une vision
circulaire sur un quart de la France, des Alpes au Puy de Dôme, de
la Méditer-année au confluent Loire/Allier.
L'étape
à Vichy puis à Moulins au riche passé des Bourbons et ses environs
aux découvertes inattendues, nous permettent de rattraper l'Allier,
son premier grand affluent qui lui donne alors toute son ampleur et
sa majesté.
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170 184 188 192 199
A
partir de leur confluence, les errances de Loire serpentent en de
basses terres.
Diagramme
dénivelé de Loire
Elle
se prête davantage alors à sa découverte en vélo, mais aussi à
la navigation intérieure par son canal latéral qui la rend
navigable jusqu'à Briare.
En
empruntant le long pont-canal du XIX s il est possible, à partir
d'ici, de rejoindre Paris et l'Europe du Nord en navigant sur ce
canal de Briare.
Dans
un tout autre genre plus contemporain, ce sont les évaporateurs de
la première centrale nucléaire refroidie par les eaux nonchalantes
de Loire qui apparaissent à Blanville. Beaucoup d'autres vont
suivre... Comme à Gien
Peu
avant Orléans, un dernier bivouac plein de romantisme et de sérénité
à Sandillon entre ses paisibles berges alanguies et sauvages depuis
Nevers. Rien que le nom est à lui seul une invitation à poursuivre
. Pour l'heure, la cohue estivale est toujours de mise. Alors nous
reprendrons notre fil de l'eau une autre fois, peut être davantage à
vélo, pour nous faire compter cette noblesse de France qui a su très
tôt s'approprier le charme et la douceur du Grand Fleuve en
parsemant ses rives des merveilleux palais que nous connaissons.