dimanche 27 novembre 2022

Djebel - Monastir - Cap Afrique


Un vrai bonheur de se retrouver en montagne, enfin 600 m d'altitude seulement, mais du relief vraiment ! Le Djebel !


Un break avec l' urbanisme anarchique et cubique de la côte, où se côtoient de véritables palais, des hôtels de luxe et la misère ordinaire de la rue banalisée.    Tout ça sous la houlette du commerce à tout prix au beau milieu du trafic d'une circulation approximative et trépidante sans foi ni loi.

Ici, dans ces montagnes, quelques paysans isolés vivent de leurs champs tous labourés à cette saison, de leurs oliviers et aloès ou dans quelques villages de montagne. L'eau doit être le plus gros souci d'un quotidien dur et laborieux.     Nous sommes dans un Parc National, enfin sur la carte. Excellente nuit après une courte rando vers le mont Zagouhan à 1200m.

Nous naviguons la matinée suivante dans les terres uniformément marrons du Djebel avec de rares plantations d'eucalyptus pour retrouver El Fahs et son incroyable cité romaine Thuburbo Majus. Seulement 1/6 eme du site a été fouillée et c'est déjà immense. 

Le Capitole

Sans doute la mise en valeur a quelque peu perdu de ses financements depuis longtemps. Des pans d'histoire, d’architecture romaine et des œuvres historiques sont laissées à un état de conservation et d'entretien douteux depuis les fouilles archéologiques. Nous avons même rencontré un gardien sans scrupule qui aurait aimé que nous soyons intéressés par de la monnaie romaine d'époque !...



Nous sommes seuls à visiter ce site sur plus de 6 hectares avec une bande de minous collants. Les plus audacieux montent aux ruines pour se lancer à la conquête des épaules ou d'une capuche, s'insinuent dans la voiture, se fourrent dans un sac. Ras le bol de l'antique !... à échanger contre une affection immédiate svp


Aux marches du Palais,
Y'a une tant jolie fille,...

En revenant sur la côte à Monastir, c'est un coup de vent qui nous attend avec 30 à 35 n établi de Nord et une mer qui ravage la côte et des installations qui ne tarderont pas à disparaître.

Des citadelles jalonnent la côte. Des ribats (place forte où on tient garnison). Celle de Monastir est une impressionnante forteresse construite en 796 et mille fois remaniée par l'occupant. Phéniciens, Musulmans du Djihad, Turcs Ottomans, Normands, Croisés, Andalou... se sont acharnés à laisser une trace de leur savoir faire. Sa visite autour des remparts restaurés, nous occupe une bonne partie de la matinée dans le vent et la tempête avant d'aller se perdre dans les ruelles de la médina. Nous nous plaisons beaucoup dans cette cité habillée en hiver, nous y sommes presque les seuls touristes.                                                                                                               Non, pas tout à fait... et pourtant on joue dans la même cour !









Ville natale du président Bourguiba, l'important essor touristique qui entoure la ville au delà des salines sur des dizaines de km n'est pas là par hasard.



La tempête nous accompagne l'après midi tout au long de notre descente côtière jusqu'à Mahdia. A bien des endroits le rivage a complètement disparu sous les assauts de vagues énormes.




C'est au Cap Afrique que nous attend un bivouac de rêve (évidement, rien que le nom !...) entre la Porte de la Mer et le phare, parmi les tombes du cimetière marin qui occupe partout ce qui reste de lande et de falaise. Au bord d'un ancien petit port phénicien taillé dans la roche au X siècle. Nous nous installons pour le spectacle et une balade humide.






Les Fatimides, chiites, s'opposaient ici au sunnites sur ce promontoire rocheux avant de fuir vers Le Caire... Et oui déjà... L'histoire continue...

L'évidence de la montée des eaux est ici significative, si 20 s ont eu raison des constructions antiques, qu'en sera-t-il de ces constructions actuelles promises à un avenir sans doute beaucoup plus limité ? Le bétonnage de la côte se poursuit dans l'appétit mercantile de l' économie du court terme, des profits rapides coûte que coûte et une conception de tourisme plus imbécile.







jeudi 24 novembre 2022

ARRIVEE EN TUNISIE

 

Il y a bien longtemps, j'arrivais à Tunis pour contourner le Nord algérien pendant les années noires du FIS en passant la frontière à Tozeur pour gagner Tamanraset et le Hogard. Pris par le temps et les clients, je ne voyais alors pas grand chose de ce pays.



Il y a d'abord le plaisir de ces 25 heures de bateau depuis Marseille pour prendre le temps du changement continental avant de débarquer en pleine lumière matinale aux bordures de l'Afrique qui va si mal aujourd'hui.





Alors que notre Corsica appareille pour son retour à Marseille, nous commençons très cool par une balade en bleu et blanc du côté de Sidi Bou Saïd. C'est dimanche, les Tunisois se promènent dans ce village préservé, (voir même un peu plus...) et la flânerie dans ce dédale de ruelles devient une véritable gourmandise entre les fameuses portes cloutées, les bougainvilliers et la sérénité qui semble venir de la nuit des temps.




Nous voilà prêts pour un bon bain de foule ! Dès le lendemain nous prenons le train jusqu'à Tunis-Marine et nous débarquons avenue Bourguiba en pleine activité urbaine. Présence militaire impressionnante un peu partout visant à rassurer les gens et les très rares touristes à cette saison. Depuis ces Champs Elysées locaux, la place où trônait la statue équestre du combattant suprême est devenue celle du "14 janvier 2011" avec sa toute nouvelle place de l'horloge à moucharabiehs qui rappelle l'abdication de Ben Ali et la naissance d'un certain printemps. En chemin vers la Médina, nous sommes bien sûr une cible voyante et quelques rabatteurs habiles reniflent le touriste à orienter absolument vers les richesses artisanales locales.




Nous avons un peu de peine à retrouver la liberté de nos pas pour enfin nous perdre dans les souks d'un dar à l'autre, guidé par le minaret d'une mosquée qui appelle à la prière, l'odeur d'un tajine ou d'un marchand d'épices, traverser bien des passages voûtés, des portails moyen-âgeux, vers un autre palais, reconverti celui là en centre des arts de rue.


Tout d'un coup, se retrouver place de la Kasba, comme à découvert en plein ciel, est une agréable respiration. Grandes avenues, monuments commémoratifs, énormes édifices d'état, jardins soignés nous changent de l'étouffante atmosphère des ruelles de la médina où les marchands ramassent déjà leur étales. Nous nous y replongeons le temps de dénicher un tajine local à se mettre dans le ventre et, repus, vient le temps de chercher notre chemin par une improbable diagonale qui traverse des quartiers populaires sans aucun attrait mais tellement vivants!

Entre deux stations du train qui nous ramène à Sidi Bou Saïd, dans la lumière dorée du couchant, nous nous offrons une balade aux bains romains d'Antonin construits sur les ruines de la vieille cité punique. Il n'en reste que les sous bassements, mais leur importance donne bien l'idée du plus grand établissement thermal au monde d' il y a 2000 ans.






Carthage a bien d'autres sites historiques à voir, nous en gardons pour notre retour à Tunis dans 3 semaines et commençons notre périple vers le Sud en faisant le tour du Cap Bon

La route enfin libérée des banlieues de la capitale n'offre pas d'autres intérêts que des paysages relativement plats et très agricoles ou virevoltent les plastiques. Les termes de Korbous ayant laissaient un bon souvenir d'un premier voyage de Gaëlle, sont notre premier objectif mais la petite route côtière en corniche a disparu dans la mer. Un grand détour vers l'intérieur de la presqu'île nous amène à cette station aux eaux chaudes coincée sous les falaises instables et dans un état de délabrement avancé. Les années Covid ont laissé des traces.



Nous oublions hammam et bains chauds pour poursuivre vers El-Haouaria. Ici, ce sont d' anciennes carrières romaines dans les roches sédimentaires de la falaise qui ont laissé un labyrinthe de cavités surprenantes.






A Kerkouane, une cité punique a vécu environ pendant un peu plus de 3 siècles il y a 2600 ans. Les fondations remises à jour montrent l'étendue d'un urbanisme élaboré au bord de la mer ouverte au commerce phénicien et les maisons confortables témoignent du haut niveau de la civilisation punique.






A Nabeul, le début d'une côte depuis longtemps la proie des promoteurs, nous faisons une halte de 2 jours avant de dépasser Hammamet et nous diriger plein Ouest vers l'intérieur du pays