jeudi 28 juillet 2022

Nord Ouest et Skye

Ce matin, nous nous réveillons encore au bord des eaux de la mer du Nord, mais cette fois sur les rives du Minch, l'étroit canal entre les Highlands, ici plus élevées, et l'île Lewis. La côte est sans doute merveilleuse, les eaux sont riches en homards, langoustines, et autre fois, saumons. A terre le violet des bruyères gagne le vert de la lande, de grandes fermes isolées sont, chacune un vrai bout du monde, le mouton ne relève pas la tête à notre passage, le pays est à nous et le touriste est très rare ici...
Et pour cause, rien à voir, circulez ! La brume conjugue avec son crachin l'ambiance idéale écossaise. On nous l'a dit, ici tout est en émotion et l'humidité n'est que bienfait. Il faut sentir le lichen, respirer la mer, percevoir cette atmosphère d'une météo subartique rude, fouler l'échouage de l'estrang, danser dans le vent et l'éclairage continu du jour sans lumière. Alors pour les photos, faudra repasser et vous contenter d'un peu de lyrisme. Du coup, pour ne pas sombrer dans la déprime, nous nous ratrappons sur le plaisir des papilles dans une très agréable halte au lodge de Kylesku. La table est bonne, le vin est bon, l'accueil est parfait et depuis le deck où nous sommes installés au dessus des eaux du loch qui communique avec la mer, nous regardons le jeu, ou la chasse, des phoques. Dans la région de l'Assynt, Lochinver, la porte maritime d'une longue vallée qui file à l'ouest est un grand port de pêche. Nous l'attendions sur notre route pour aller y voir l'armement des bateaux, caséyeurs, chalutiers pélagiques, linieurs. Rien à voir, circulez! Encore ! La criée est immense et déserte, des montagnes de caisses qui attendent le tri des prises, les quais vides, l'usine à glace en sommeil, tous les bateaux en pêche, à peine l'odeur du poisson, même pas de relent de gazoil, tout est nickel propre, british quoi !. En Ecosse, on ne cherche pas vraiment à séduire le visiteur, ok il peut passer par là si il veut "juste sans laisser de trace"... Un exemple de tourisme écolo et durable en somme ! Magnifique contournement de la péninsule de Coigeach, avec pluie incessante, plafond à raz le mouton et bivouac sur le rivage d'Archiltibuie parmi les vestiges de la pêche au saumon révolue. L'ambiance est au top, ne changez rien ! Le warf de départ pour l'archipel des Summer Islands, un peu plus dans l'ouest, est tristement désert, son pub est fermé... Nous reviendrons en été !... Il nous faut atteindre Ullapool pour trouver enfin un peu d'animation autour de la gare maritime. Ce port est devenu le véritable trait d'union entre Inverness à 55 M dans l'Est et Stornoway, le port de l'île Lewis où Peter May a planté le décor de ses romans policiers. La pêche moderne y transite encore les langoustines et le hareng mais il y a bien longtemps que les marées ne rythment plus la fièvre des retours au port.
En attendant l'accalmie pluvieuse qui devrait nous permettre de surplomber le loch Maree depuis une petite rando vers le Beinn Eighe, nous roulons en contournant quelques lochs maritimes jusqu'à Red Point. Ambiance vraiment très pluvieuse. Nous y ramassons un peu de sable provenant de l'arène granitique de la roche rouge, il apportera "La" rayure écossaise dans le vase à sable de Gaëlle en souvenir de la plage rose. Allez, un dernier "bain" et on y va.
Finalement la pluie nous fait abandonner la grimpette au Beinn Eighe. On a rien sans rien et cette nature extravagante en profite. Avec un climat plus doux, elle se substitue à la steppe du Nord dans des allures tropicales ou le moustique est largement remplacé par le midge. Le sol, toujours très spongieux, n'autorise pas même un pas en dehors du sentier
Le col du Bétail sur la fameuse Bealach na Bà, fait passer une route étroite à voie unique construite en 1822 avec parfois des pentes à 25% dit-on.
La descente est vertigineuse et nous ouvre la porte vers l'île de Skye Une vingtaine de km et une grosse demi heure séparent ces 2 photos !
C'est aussi ça l'Ecosse et nous avons parfois un peu de mal à suivre avec le sourire le train continuel des dépressions qui se suivent sans répit. Pour notre prise de contact avec l'île des nuages, nous choisissons le glen Brittle avec une rando à 700 m dans une ancienne vallée glacière qui se donne des airs alpins où la lecture du paysage dévoile ici le travail d'érosion des glaces depuis longtemps disparues.
Tout le tourisme, croissant en Ecosse, passe par ici. Heureusement, il ya beaucoup moins de monde pour grimper, mais en bas ça se bouscule vers les Fairy Pools qui, même sous la pluie avec 13°, attirent les foules pour les eaux cristallines de la rivière Brittle qui dévale des Cuillin Hills en cascades et en piscines naturelles.
Une deuxième nuit dans la région d'accord, mais pas en forêt avec les midges, et nous trouvons un endroit plus ouvert où ils semblent moins importants. Nous nous prêtons au tour complet de Skye en évitant les quelques stops photographiques des opérateurs "Old man of Storr", "Kilt Rock"... La côte ouest de l'île plus agricole n'offre pas d'intérêt particulier.
Attiré par son château, c'est à Dunvegan que nous trouvons un merveilleux bivouac en fin de journée
Le soleil du matin printanier qui suit nous pousse à une balade autour de l'estrang du fjord pendant le rapide été de 2h qui nous est offert. Nous regagnons le camion aux prémices de l'automne. A 11h nous quittons ce très bel endroit juste avant l'hiver. D'accord, j'exagère un peu, mais à peine, le climat ici n'est pas une légende. Par contre nous doutons un peu de celle des châteaux d'Ecosse. En attendant d'être reçu à Balmoral, à midi nous stoppons pour visiter le premier enfin sur notre route : "Elian Donan", très spectaculaire, il figure dans tous les guides et brochures de tourisme sur de très belles images, très bien photographiées. Serait il "LE" château d'Ecosse ? En le découvrant on apprend qu'il n'est qu'une copie reconstruite au début du XX s, l'original ayant été complètement détruit dans les affrontements jacobits. Il doit sa popularité surtout à une récente production cinématographique qui attire des milliers de touristes.
Nous repassons Skye Bridge pour poursuivre notre descente de l'Ecosse vers Fort William dominé par les 1345 m du Ben Nevis, quelques belles rando peut être ?

jeudi 21 juillet 2022

Highlands, Cairgorm, loch Affric

 Pendant que la France étouffe sous les 40°, nous profitons aussi de la "canicule écossaise", très relative, pour mettre à profit cette magnifique journée en grimpant au Cairgorm, un des plus hauts sommets d'Ecosse. 




Belle balade de 16 km, avec 700 m de dénivelé + entre lochs, bruyères en début de floraison, landes d'altitude et un très beau granite fin et coloré qui retient l'humidité des sols et transforme de vastes zones en tourbière.

Même si c'est un peu la montagne à vache, elle est pour Gaëlle une véritable libération avec toute une journée "en montagne"sans rouler dans "la boite de conserve".

On imagine les conditions hivernales ici de cet univers de steppe désertique, sa végétation de toundra son climat subarctique où rien n'arrête le vent, quand le plafond reste bas et que le jour se lève à peine. Là nous l'avons au moins pendant plus de 20h/j.

C'est aussi le premier domaine skiable d'Ecosse avec 30 km de piste et un funiculaire de remonté à crémaillère en proie à des problèmes structurels depuis 4 ans, curieuse installation quand le monde entier transfert ses skieurs par câble ?




Super la vue de la terrasse du bar ??

Toujours très chaud le lendemain, (enfin 25°...) nous poursuivons vers un lieu qui a retenu notre attention en nous arrêtant visiter une très belle expo photo de Gérard Morphy. Le soir même nous trempons le kayak dans les eaux du loch Affric, un glen caché où se conjugue forêts, lacs et rivières, bien moins fréquenté que son célèbre voisin Ness.


Hélas la pluie revient déjà ! Nos tentatives de navigation en sont écourtées et le kayak finit rapidement sur le toit du camion. 


D'autant plus vite qu'une nouvelle rencontre nous attend : les midges ! Nous étions prévenus et nous ne tardons pas à en trouver le mode d'emploi.


Le lendemain, ces moucherons voraces sont moins nombreux et nous partons pour un magnifique tour du lac Affric à vélo.







Nous contournons Inverness pour nous rendre directement dans Black Isle. A part quelques jolis et pittoresques villages construits en grès rouge et aujourd'hui voués au tourisme, cette presqu’île très agricole doit tenir son nom des ressources pétrolières du firth de Cromarty où s'alignent les plateformes d'exploitation offshore tout au long du fjord. Toute la richesse de l'Ecosse est là, dans whisky aussi et ne pas oublier les nuances de gris !


La nuance de gris !

Nous avons hâte de gagner le Nord et la région du Sutherland. Même sous un ciel gris persistant, les paysages vierges et de verts dégradés à l'infini sont saisissants.






Les routes du Nord deviennent à voie unique et la fréquentation touristique plus importante. Aucune trace de présence humaine, passée ou présente. Aucune trace de vie animale, sauvage ou domestique à part quelques oies et de très rares moutons.

Ce soir, notre étape de Durness sera le point de la latitude la plus Nord de notre voyage 58°34'12''



Un tout petit peu plus au Nord encore, il y a le Cap Wrath à 25 km. Comme il est en zone militaire et que nous devons emprunter un traversier (piéton et cycliste only !) pour rejoindre cette presqu'île, c'est à vélo à travers la lande que nous gagnons le phare de son extrémité. 13°, vent fort, ciel bas...mais très belle journée ! nous dit une dame au retour, " LÔvvvely, no rain to day" ! 
Ben voyons... n'est-il pas ?