mercredi 30 janvier 2019

Alentejo et Algarve


30/01 2019

Depuis La Corogne et Porto nous n'avions pas fait "d'étape intendance", alors Lisbonne en est l'occasion. Tous les pleins à faire, mais aussi la lessive et une vraie douche au camping de Lisbonne sont les bienvenus. C'est sûr, notre escale à Belem en remontant l'estuaire du Tage avec Cythére il y a 40 ans, avait une autre gueule.








Nous la retrouvons la célèbre Tour de Bélem, l'imposant monument des navigateurs, le monastère des Jéronimos, le pont du 25 avril, mais l'urbanisme des bords du Tage a considérablement changé l'espace.
Dans Lisbonne c'est toujours aussi surprenant de partir grimper dans les quartiers alto par les ruelles pavées tortueuses ou à bord des célèbres trams pittoresques, entretenus dans leur charme rétro.








A partir de la plus grande place d'Europe, celle de Commercio, nous allons flâner en levant le pied cette fois, sur les visites d'édifices religieux et en vous épargnant les bondieuseries. Tenez par exemple, à midi pour déjeuner : bacalhau a bras


De l'autre côté du Tage, la région de Sétubal ne nous retient pas longtemps et nous filons vers Evora.

Petite ville fortifiée intéressante qui offre à chaque coin de rue les vestiges de la superposition de ses anciennes occupations. Le cours de l'histoire défile : Celtes, Wisigoths, Romains, Maures, Moyen Age, Renaissance jusqu'à ses traditions et son dynamisme actuels.



Regardez, sur cette photo, mille ans séparent chacun des 3 éléments : les restes du temple romain de Diane II s, les clochers de San Joao XIII s, le buste en bronze XX s

Nous retrouvons aussi bien sûr, dans beaucoup de villages, l'origine de bien de nos découvertes brésiliennes.
Dans la campagne humide, peu accidentée et très agricole, les pâturages arborés de chênes liège, les suberaies, ou les oliveraies forment de grands domaines qui prennent déjà des allures printanières.



Bovins, ovins, caprins et, plus surprenant, le porco preto (porcs noirs) en troupeaux, font l'activité des grandes haciendas. Pardon, des herdades ici !
Plus au sud encore, les cigognes en vol de formation ou installées dans chaque village, sont seules à maintenir notre intérêt pour ces grandes étendues agricoles que nous traversons rapidement.



Est ce un effet de la météo de retour au grand bleu et ses 20° ?
Ici, en entrant dans l'Algarve par le Parc Naturel côtier da Vicentina, la côte atlantique que l'on retrouve à l'état de nature brute et sauvage, nous paraît plus belle que tout ce que nous avons vu avant.







Chaque jour, nous faisons un nouveau petit morceau de ces 400 km de sentier qui suit la découpe de chaque cap, chaque plage, chaque falaise jusqu'au Cap St Vincent. Tantôt dans le tumulte des vagues contre la roche, tantôt dans la douceur des dunes entre les méandres des rias.




De la haute forêt d'eucalyptus à la plante grasse des espaces désertiques, la végétation démarre partout son explosion printanière. Nous n'osons pas imaginer le genre "de l'autre explosion" qui doit démarrer dans ce paradis en période estivale et nous savourons notre quiétude.
Le cap St Vincent (extrémité sud ouest de l'Europe) et le village isolé de Vila de Sagres rappellent un peu l'ambiance "bout du monde" rencontrée à Puntas Arenas dans le détroit de Magellan en Terre de Feu. On peut dire aussi que l'histoire a lié ces bouts du monde puisque Henri le Navigateur, alors gouverneur de l'Algarve, y créa une sorte de cercle de réflexion nautique sur les bateaux, la cartographie, l'école de la navigation, pas loin de Faro d'où partirent les grandes expéditions portugaises au XV siècle. Pour des milliers de marins Cabo De Sao Vicente était la dernière chose qu'ils pouvaient voir de leur monde connu, avant....




Bien avant Lagos, nous sortons des "espaces protégés" et très vite le ton est donné. Nous entrons dans les "espaces exploités", ceux des promoteurs, des bétonneurs et de l'artifice des stations balnéaires fabriquées à l'opportunité, d'une plage ou d'une ria, maintenant défigurée. Et pour en rajouter, tout comme les cigognes très nombreuses, les camping caristes de toute l'Europe semblent aussi avoir organisé ici leur migration hivernale, bien guéguerre, 2 par nid sur de vastes parking.




Plutôt amollis par nos affections respiratoires du moment, nous avançons de moins en moins vite et passons le plus claire de notre temps aux superbes bivouacs que l'on trouve facilement.

samedi 19 janvier 2019

Estrémadure


19 / 01 / 2019




Comme tout ce qui touche l'Eglise, qui en a si longtemps fait son monopole, la transmission des connaissances et du savoir à l'université de Coimbra, est ici magnifiée, sacralisée et plein d'enluminures.






Depuis sa fondation au XIII siècle, elle n'a cessé d'être confortée dans cet écrin d'architecture manuéline et aujourd'hui encore, dans la vie étudiante, que le visiteur côtoie entre chaque faculté, bien de ses rites anciens solennels y sont perpétués. Et pour y contribuer, certains endroits sont interdits aux appareils photographiques, dommage pour cette bibliothèque incroyable.



Nous ne pouvions pas terminer la soirée à Coimbra sans vivre la "folle ambiance" d'un concert de fado. Un peu seuls cependant, au café Santa Cruz.



Autre merveille d'architecture surprenante sur notre route vers l'océan, c'est le monastère gothique du XIV de Bathala. La démesure de ses volumes, la profusion de ses pierres sculptées, dans un état de conservation remarquable, nous laissent bouche bée.








La belle météo qui nous accompagne depuis plus d'un mois est en train de changer. Mais nous sommes loin des conditions nécessaires pour pouvoir observer une de ces vagues géantes depuis notre bivouac sur la falaise à Nazaré où le record du monde de 2014, de la plus haute vague jamais surfée, a été atteint par le français Benjamin Sanchis : 33 m !



Le crachin s'installe, raison de plus pour se mettre au sec pendant la visite d'un autre ensemble monastique, plus gigantesque encore. Cistercien celui là, à Alcobaca, fondé également à l'issue d'une victoire contre les Maures.










C'est dans la brume que nous terminons la journée en partant à l'assaut des remparts de la cité forteresse de Obidos fondée sous l'occupation romaine, reprise par les wisigoths puis par les Maures qui lui ont donné à peu près son aspect actuel. C'est encore 2000 ans d'histoire qui nous épuisent aujourd'hui !





Le vent du nord s'est levé et semble vouloir balayer le crachin d'hier. En longeant le littoral vers Lisbone depuis Peniche, où nous déjeunons devant les îles Berlanga, plusieurs spots de surf nous offrent le spectacle depuis les falaises.






Et puis le soir, c'est la tempête qui nous fait poursuivre notre route vers Sintra pour trouver un merveilleux bivouac abrité dans une clairière de grands arbres.



Tout près, les palais qui font de cette petite cité une débauche mégalomane avec ses folies d'architectures plus ou moins incongrues et excessives, vont nous occuper tout au long d'une journée pluvieuse.





En fin de journée, il faut dire que c'est un peu "too much". Nous sommes loin de l'occupation mauresque et militaire du XIII. Revue et retouchée pendant 6 siècles jusqu'aux tontons coloniaux et autres planteurs, "pétés de tunes", nous sommes dans la profusion artistique d'un vrai délire ... Pardon, "un raffinement artistique que les Grands du Portugal ont laissé en héritage au Patrimoine Mondial de l'Humanité".




Toute la journée, nous arpentons en tous sens la montagne couverte d'un magnifique espace forestier de séquoias, fougères arborescentes et châtaigniers centenaires, et nous enchaînons les visites, coincés entre 2 bus d'asiatiques pressés, en passant du Palais National à la Quinta da Regalerira pour finir avec le Palatio da Pena ...
Ouf !
Par beau temps ça fait un peu Disney 


Mais pour nous ce sera plutôt ça






Non, là ce n'est pas sculpté, mais ("vite fait") peint en trompe l’œil



Brouillard, pluie, vent...Sur la route pavée difficile qui grimpe vers le château Maure du XIII, à la nuit venue, nous bivouaquons en forêt en compagnie d'une vigie incendie. Ici pas question de mettre en danger ces trésors qui vont accompagner notre sommeil avant de poster ces dernières images pendant un week-end pluvieux à Lisboa.