24/05/18
Kaliméra
!
Saisissant
contraste entre nos bivouacs d'hier et aujourd'hui !
Hier
le lac de Karla ou nous avons passé notre dernière soirée en
Théssalie à observer, les troupeaux qui viennent boire, les grandes
quantités d'oiseaux, le balais des pélicans, celui des cigognes qui
alimentent leur progéniture, les sangliers qui se croient seuls...
Et
ce soir, 1200 m plus haut sur les pentes boisées du Mont Olympe,
dont les cimes enneigées culminant à 1700 m au-dessus de nous,
nous semblent si proches.
Avant
ça, le Pélion nous a apporté aussi quelques paysages sublimes sur
sa côte ouest comme un balcon de roche et de végétation sauvage
sur la mer Égée.
Une
part de la symbiose entre l'homme et la nature de cette région est
aussi dans le magnifique travail de la pierre, encaissement en
escalier sur les drailles moutonnières, taillée pour la
construction des maisons, délitée en lauze sur les toitures.
Et
nos balades nous y ont fait découvrir de paisibles petites criques
pour "se-retirer-le-jour-ou-
l'itinérance-deviendra-trop-dure" ! ...
En
attendant, nous pouvons encore savourer des immersions "campagne
profondes" entre Théssalie et Macédoine par de grandes
traversées agricoles irriguées, couvertes de blé, d'amandiers,
d'oliviers ... Une agriculture de petites exploitations mal équipées
et heureusement pas encore extensives
De
place en place des troupeaux miséreux, chèvres et moutons sont
conduits, évidement par un berger à la "gueule de pâtre grec"
et quelques chiens qui font parfois sarabande la nuit venue, jusqu'à
des bergeries de tôle bricolées et peu engageantes.
Dans
les gorges de l'Enipéas, nous montons à pied jusqu'au monastère
d'Agios Dionysios en cours de restauration car plusieurs fois
détruits par les Turcs puis par les Allemands .
Exceptionnel
biotope de cette nature sauvage et préservée.
Nous
ne nous sentons pas pour le sommet Mitikas (ou Mont Olympe), à 2
jours d'ascension bien plus "minérale".
Il
ne nous livrera pas ses somptueux panoramas et nous devons renoncer
aux quelques fragments d'éternité à voler aux dieux en quittant la
demeure céleste de Zeus pour retrouver les vieilles pierres de la
cité des rois macédoniens de Dion.
50
cm, pas plus ! Rien ne dépasse du sol de plus de 50 cm...
Jolie
balade donc, sur quelques hectares arborés entre les ruines de la
cité antique. Connaissance ou imagination doivent faire le reste.
Mise
en oeuvre d'une surprenante technologie de sauvegarde archéologique
en découvrant la mosaïque de "Dionysios émergeant des
flots" Son extraction récente des ruines pour être exposée
à New York par la fondation Onasis avant de regagner un petit musée
local, avait pour but sa protection en la rendant visible aux yeux du
monde
Mais
finalement c'est chez les morts, sous terre, qu'il y a le plus à
découvrir.
A
quelques kilomètres de la cité, la nécropole des rois macédoniens
d'Aigai (devenue Vergina de nos jours) s'étend sur plusieurs
hectares avec plus de 300 tumuli gigantesques (plus de 100 m de
diamètre) recevant plusieurs tombeaux dont le plus ancien est daté
de 1000 av.J.C.. L'un d'entre eux, le tumulus royal reconstitué
après l'achèvement des fouilles, abrite désormais un somptueux
musée qui livre à l'humanité une part des incroyables trésors de
cette riche civilisation, pourtant considérée comme barbare par les
anciens Grecs. Dans une semi obscurité, l'excellente muséographie
crée une ambiance mystique autour des tombes gigantesques
d'importants personnages comme celle de Philippe II de Macédoine.
Désolé
de ne pas pouvoir montrer ce que nous avons vu, les photos y sont
interdites. Mais rendraient-elles l'émotion et l’émerveillement que
nous avons ressentis pendant ces 2 heures de voyage dans ... l’Éternité ?
Et
puis sans ce tourisme de masse, que nous déplorons si souvent,
pourrions nous voir ces trésors ?
La
traversée inintéressante des grandes plaines agricoles de
Théssalonique nous conduit en marge de la ville à un paisible
bivouac tout à fait inattendu au bord de la baie portuaire, face au
deuxième port de Grèce, le panorama du Mont Olympe au sud-ouest et
tout au fond, sud-est, le Mont Athos.
Longue
balade sur le front de mer de Théssaloniki, grande ville très
urbanisée et verticale, jusqu'aux ruines des fortifications de
Galère du III s.
La
première des 3 péninsules de Macédoine, Kassandria, est détachée
du continent par le creusement d'un canal romain du III s qui a été
fortifié à la période byzantine.
Au
delà nous roulons pour tenter d'échapper aux innombrables installations touristiques et balnéaires. Quand nous nous en croyons
dégagés, au matin d'un beau bivouac isolé sur une plage déserte
sans aucune interdiction, nous décidons de relâcher enfin pour une
première journée.
Merci
à Starky & Hutch qui nous en délogent avec une menace d'amende
à 1000€, pas moins ! Ils nous poussent ainsi encore plus au Sud de
l'isthme.
Si
l'endroit y est plus sauvage encore et pas plus occupé que par
quelques cabanons plus ou moins légaux, ces villégiatures
populaires d'été, (pas belles, d'accord, mais grecques !) ne tarderont sans doute pas à finir de
disparaître.
Le
pays est à vendre ! Les plantations d'oliviers semblent appartenir à
un passé révolu, "l'huile de sera plus tirée" et
qu'importe si les locaux finissent d'y perdre leur âme, les devises
russes ou bulgares aiguisent tant l'appétit des promoteurs et des
voyagistes de tous poils.
Villages
club, Resorts, spa hôtels, Résidences de luxe, Complexes "touristiki"... Fric, sea, sun and sexe dévorent partout les
magnifiques côtes dans une vulgarité affligeante.
Nous
nous éloignons de plus en plus de la Grèce du sud que nous avons
découverte et tant aimée l'an dernier. Presque à chaque photo
prise, nous avons le sentiment de faire partie des derniers
"visiteurs raisonnables", s'il en est, à shooter ce
paysage déjà bien entamé.
Le
monde bouge et pour quelle destinée ?
Finalement
pour notre relâche, c'est dans le sud de la deuxième péninsule,
celle de Sitonia, que nous trouvons une nature plus vierge de toute
construction et d'où nous pouvons poster ces dernières news