mardi 6 décembre 2022

SUD TUNISIEN

 Heureusement le réseau routier tunisien est en bon état et permet aujourd'hui d'avancer au Sud avec un véhicule aussi peu conçu pour le désert que le Ducato. Quitter le goudron reste toujours très tentant, tout le temps ou le sable n'est pas trop présent.



Les ksars qui entourent la région de Tataouine offrent pour chacun une visite spectaculaire. Complètement délaissés par ses habitants depuis plus d'un siècle, ils constituaient au moyen-âge des villages refuge à la vue dominante souvent autour d'une forteresse défensive. Construits d'argile et de pierres pour la partie visible, la plus grande part de l'habitat est troglodyte autour d'une cour ceinte de hauts murs. Ils constituaient de véritables cités de plusieurs milliers d'habitants





Ouled Soltane, Douiret, Guermessa, Chenini sont les principaux villages berbères en ruines qui nous occupent 2 jours durant, avec à chaque fois des vues panoramiques sur le désert.




Comme le dit mon fils, notre génération n'a pas été sous influence "Star War" et tout en discutant avec un berbère de Chenini, nous apprenons que nous sommes face au décor naturel d'une célèbre scène de la Guerre des Etoiles. Du coup ses souvenirs de 28 ans nous révèlent quelques détails de la gigantesque production qui a ici bouleversé la vie de la région.



Le ksar Ghilane, lui n'a rien d'attractif mais la palmeraie rafraîchissante de cette oasis de 90 hec au bout de plusieurs heures de route dans le désert est toujours magique. Plantée en 1953 en palmiers dattiers et en grands tamaris à la suite du forage pétrolier qui perça une nappe phréatique à 700 m de profondeur, Ghilane est une véritable porte du Sahara où la colonne Leclerc livra bataille en mars 43 face aux troupes Italo-germaniques.




Autre porte saharienne, et gardienne du grand Erg, Douz n'est plus le point de ralliement des nomades marzougui et les restes de la culture chamelière sont livrés aux seules caravanes des touristes, quand ils ne préfèrent pas les folles équipées en quad. Mais même dans ce domaine les temps sont durs derrière une révolution et les années Covid.

Pourtant jamais je ne me suis autant senti si bien et en sécurité dans ce pays au top de de l'accueil et de la convivialité. La relation historique avec la France compte sans doute mais au plus profond du désert nous avons des sourires et des marques de bienvenue. C'est encore le cas ce soir à notre étape de Kébili. Le campement s'appelle "Les Amis du Camping"et l'accueil familial d' Arafat restera un moment fort de notre voyage. Sa femme et lui, entourés de leur 3 enfants, sont d'une incroyable gentillesse pleine de respect, de discrétion et d'attentions dans une cadre agréable façonné par 28 ans de passion.


(N 33°41'43" E 8°57'45") Que du bonheur, merci à vous deux les amis.

La matinée suivante vers Tozeur nous réserve une longue traversée rectiligne plein ouest à travers une sorte de salar pendant prés de 100 km : Chott El Jéride. Ici comme dans tout le Sud Tunisien, on a presque pas vu la pluie depuis 3 ans. Le sol de cette étendue uniformément plate est constituée d'une croûte de cristaux de sel épaisse et résistante qui repose sur une masse de boue argileuse et de sable plus ou moins aquifère. D'une exploitation d'extraction en son centre sortent quelques camions dont le chargement finira sur nos routes d'Europe aux premiers frimas mais qu'adviendra-t-il de cette région quand le lithium y sera au goût du jour ?






Le contraste est saisissant à notre bivouac du soir au beau milieu de l'oasis de Tozeur qui cache de somptueux portails de dar.





Commençons par la découverte de la palmeraie, elle est constituée d'un million de palmiers sur 4500 ha. La datte et ses dérivés constituent le produit phare de la ville comme dans tout le Sud tunisien. Alors nous avons tant à apprendre sur la phoeniciculture et la culture oasienne en général, nous nous rendons au très intéressant musée du palmier dattier avant de finir la journée par une paisible balade dans cette forêt.

Nous poursuivons le lendemain avec nos 5 kg de dattes à grignoter en traversant le Chott Er Rahim, faisant cap au nord ouest sur le djebel qui, bien qu'à 60 km, se dessine sur l'horizon. Presque à la frontière algérienne il y a une passe dans la montagne à Tamerza et l'oasis est ici superbe pour une balade dans les canyons et les cascades de l'oued.










D'ici nous commençons notre remontée vers le Nord en traversant le bassin d'extraction du phosphate de Gafsa. Géographie plate de moins en moins saharienne, la végétation revient, et avec l'énorme urbanisme populaire, le retour des villes sales qui caractérisent dramatiquement le Nord du pays.

L'autre souci est de plus ou moins longer la frontière algérienne dans un climat d'insécurité prétendue et des forces armées plus présentes. A Mejan Bel Abès, nous sommes indésirables par la Garde Nationale, circulez ! Le bivouac devient plus difficile, nous nous retrouvons à Feriana pour une nuit très bruyante sous la surveillance du poste de police. Mais pour ce soir, à 800m, près de Kef, nous avons pris les devant en nous cachant avant la nuit dans les détours de chemins de montagne, non sans avoir été délogés une première fois par une patrouille zélée. Il y a aussi plein de gens débordant de gentillesse et d'hospitalité dans la campagne qui ont bien du mal à comprendre que nous n' avons besoin de rien.



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