dimanche 11 octobre 2020

Sardaigne Ouest

11/10/20

En dévalant du maquis vers l'estuaire du fleuve Temo, nous ne nous attendions pas à passer une si belle journée à Bosa. Sans doute le temps merveilleusement doux et ensoleillé y est il pour beaucoup, mais surtout, nous trouvons à l'endroit beaucoup de similitudes avec l'estuaire du Duro à Porto que nous avions tant apprécié.



Bien sûr similitudes en miniature, mais avec encore davantage de sérénité, de couleur et de douceur, sans doute l'ambiance sarde ?




Ici la pierre de trachyte rouge, plus dure, moins poreuse, remplace partout la pierre de tuf dans toutes les constructions anciennes, les ouvrages d'art, les édifices religieux, ceux des notables et riches marchands phéniciens qui ont fondé la ville.





Elle prospéra encore sous l'Antiquité romaine. Puis, de ses différentes occupations successives, Arabes, Toscanes, Aragonaises, Savoies, reste aujourd'hui, outre son château et une belle architecture médiévale de la ville, un produit phare local, le "malvoisie sarde" qui forme encore un riche terroir viticole environnant.





Passés quelques villages balnéaires désertés, des kilomètres de splendide corniche côtière plus au Sud, devenant chemin rural, puis desserte agricole caillouteuse, nous mènent en fin de journée à un bivouac exceptionnel au-bout-du-bout-de-nul-part, dans la lande couvrant le dessus des falaises, au pied de... Devinez quoi ?




Une tour aragonaise bien sûr ! Celle-ci surplombe l'embouchure du fiume Mannu sur la houle d'ouest formée en méditerranée les jours précédents.




Nous faisons dans le culturel la journée suivante et plus précisément dans l'histoire des civilisations méditerranéennes et ses vestiges dont la Sardaigne est riche sur plus de 6000 ans.

Depuis nos découvertes de Chavin au Pérou et des Mycéniens en Grèce, nous n'avions pas eu l'occasion d'un tel retour dans le "passé" avec les Nuraghes de la région de Paulilatino.




Nous sommes à l'âge de bronze quand cette civilisation édifie ces curieuses tours. A première vue, un simple amoncellement de roches défensif ? Un des sites les plus élaborés, celui de Losa, révèle à l'intérieur une architecture complexe d'un bastion triangulaire avec 4 tours imbriquées, des escaliers en spirale, des chambres coniques, des niches de stockage.





Après la visite de plusieurs de ces sites historiques, nous discernons mieux leur différentes occupations, étalées sur plus d'une trentaine de siècles aux périodes Nuraghes, Phéniciennes, Romaines, Byzantines, Moyen-Ageuses, Sarrasines, Espagnoles.

Exemples :


(Nuraghes-3000 avt JC) 


(romain 200 ap JC) 



 (Chrétiens VI & X) 


(XII toscan) 


(XVI espagnole) 



(Sarde XIX )

Pour en revenir à nos nuraghes, si les blocs de pierre de basalte ne sont souvent que très grossièrement équarris, l'affleurement externe de leur appareillage est surprenant, sans toute fois atteindre celui des Incas.



Mais sur le lieu de culte du Puits Sacré, le plan élaboré, la taille géométrique et l'assemblage des pierres sont absolument parfaits.




Nous revenons sur le littoral pour un sun-set-bivouac-embrasé face à "l'Ile du Mal de Ventre" où relâchaient les pirates Sarrasins après leurs razzias dans l'île.


Une trentaine de kilomètres plus au Sud et nous traversons une bonne dizaine de siècles au milieu des ruines romaines de la cité antique de Tharros au début de la presqu’île de Sinis, un des plus important site archéologique de Sardaigne.






Construite bien avant par les phéniciens sur un site déjà nuragique, nous sommes surpris que cette situation idéale n'ait plus connu depuis 2000 ans d'autres fougues de l'urbanisme humain.

Bon d'accord, plus grand chose ne dépasse une élévation de 1,50 m du sol. Mais là encore le jeux consiste, en triant du regard les cailloux, leur façonnage, leur agencement sur la topographie des lieux, à tenter de remettre les civilisations dans la chronologie de leur passage, le réemploi des matériaux, et nous raconter des histoires à notre façon.

Nous arrêtons de jouer les archéologues en herbe avec une longue marche à l'extrémité de la péninsule, jusque...? jusque...?

Et non perdu ! Au bout il y a un phare bien sûr !




Sur toute la périphérie de cette immense golf d'Oristano, que les gens d'ici ont coutume d'appeler "Il Mare Morto", nous traversons un "plat pays" fait de marais et de lagunes. Là aussi, la Région a été l'objet du programme Mussolinien de bonification des terres en asséchant ces vastes zones humides et combattre la malaria. Comme Fertilia, il y créa "Mussolinita", rebaptisé Albéria en mémoire d'une héroïne sarde du XIV s. Une sorte de Jeanne d'Arc locale plus représentative aujourd'hui des combats sardes.



De grandes exploitations agricoles s'y succèdent dans une découpe géométrique de vastes parcelles irriguées pour la culture du maïs destiné à l'engraissement de bovins, par milliers de têtes en stabulation.

Entre le méthane des marais et celui des animaux, nous avons plaisir à quitter cette zone insalubre et retrouver le relief couvert de verdure du maquis côtier de la Costa Verde.


Bientôt, l'apparition de hautes dunes de sable crée un univers féerique jaune orangé, tacheté de vert, battu par la mer.





Au bout d'une longue piste, dans ce décor sauvage de dunes de plus de 60 m me rappelant les temps héroïques des 400 km de traversée hasardeuse sur la marée, entre le banc d'Arguin et Nouakchott...nous dormons en Mauritanie ce soir !

Et pour finir nous avons même rencontré un "sardique"



2 commentaires:

  1. Coucou les touristes,
    Belles photos, textes intelligents et bien écrits, toujours un plaisir de te lire Alain.
    Nous venons de rentrer après notre balade à vélo et la visite des châteaux Cathares, suivie de celle des Orgues de l’Ile sut Têt ( un petit Bryce Canyon).
    La routine reprend maintenant le dessus jusqu'à mon opération du genou prévue le 4 novembre
    Biz à vous deux

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  2. Un seul petit bémol.Tes cartes sont trop "locales". On ne se rend pas vraiment compte où vous êtes.
    Bonne continuation

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