22/10/2020
Les granites rouges constituent le décor principal de notre route depuis le Sud et rendent notre remontée vers le Nord encore plus magnifique.
La meilleure opportunité géographique de se mettre à l'eau semble à Cardedu, d'autant plus que la météo moins nuageuse et le calme plat de la mer sur la côte sous le vent d'Ouest, nous donnent les conditions optimales pour une virée kayak dans un dédale de roches rouges et de criques désertes sur fond vert du maquis.
Après un avitaillement au Conad de Bari Sardo, nous redescendons vers le spot de mise à l'eau repéré. Vraiment top ! même en fin de semaine nous y sommes quasiment seuls pour 2 jours de bivouac et de pagaie. Les carabinieri sont cool et nous laissent bivouaquer là.
La journée de grisaille qui suit est aussi pleine d’à-propos ! Comme il nous faut nous remettre de nos efforts, un circuit voiture en montagne est le bien venu. Les 200 km qui vont suivre nous font changer de minéral plusieurs fois dans la journée avec des panoramas à couper le souffle, des villages perchés connus pour leurs muralistes locaux et même un Alto Piano del Golgo désert où divaguent chevaux, cochons, moutons, ânes
De Cardedu à Dorgali |
Nous rattrapons la mythique strada statale SS 125 qui traverse le pays du Nord au Sud par la cote Est, et nous conduit à un dernier col, Genna Silana, à 1000 m en point d'orgue à cette journée montagne.
Paysages sauvages et grandes parois calcaires du Supramonte, profonds ravins et sommets à 1500. Là, le canyon européen du Gorropu nous tente bien mais ses 1000 m de dénivelé nous refroidissent pour un trek qui semble assez sportif, le tout en Parc National rend le bivouac plus difficile pour passer la nuit en attendant le beau temps qui règne plutôt le matin jusque vers 14 h.
Pas plus simple de trouver un endroit pour s'arrêter le soir au bord du Golf d'Orosei que l'on découvre au bout de la longue descente des 1000 m vers la mer Tyrrhénienne.
Cala Gonone semble avoir des airs de station balnéaire éveillée et policée. De là, un choix difficile entre marche et kayak jusqu'à la Cala Luna. Nous le transigeons par un aller à pied et un retour en bateau taxi au pied des grottes creusées dans les falaises
Dans les profondeurs du massif karstique du Supramonte circule un réseau de rivières souterraines dont le débit peut dépasser les 10 000 l/s quand il pleut. Ce réseau à été partiellement exploré par un italien à -135 m et des colorations ont dévoilé la résurgence dans une des vallées sous les parois vertigineuses.
Nous y passons la nuit sous les eucalyptus en attendant le jour pour s'engager sur une longue et belle piste jusqu'au pied du massif.
Là nous devons abandonner le camion contre chaussures et bâtons pour grimper 350 m jusqu'à Tiscali à travers les rochers, les pistachiers lentisques, oliviers romarins et térébinthes Un site nuragique exceptionnel s'est installé là il y a presque 4000 ans sous les aplombs de roche au fond d'une doline créée par l'effondrement circulaire de la voûte d'un immense gouffre.
La montée ardue, bien balisée comme souvent en Sardaigne, est magnifique et les vestiges des habitats préhistoriques sont émouvants. Complètement invisibles de l'extérieur, ils ne se méritent qu'en se donnant la peine d'y monter pour pénétrer au dernier moment dans le gouffre par une faille.
L' effondrement vu du ciel |
Un peu à regrets, nous quittons le Supramonte qui offre tant de possibilités "très natures" et de randonnées pour retrouver la SS125. Presque seuls sur cette belle route, à l'image du réseau routier du pays.
La côte aux belles eaux turquoises paraît pourtant moins pittoresque, à moins que se soit le vent du Sud qui se lève très fort et la rend moins attrayante aujourd'hui? Pourtant sa géographie découpée avec beaucoup d'îles proches, donnent de parfaits clichés de lagons paradisiaques.
Non, ça vient d'autre chose ? Comme si l'ambiance changeait complètement. Nous ne semblons plus y reconnaître ce que nous croyons avoir perçu de l'identité sarde jusque là.
Plus nous avançons vers le Nord, plus les villages privés jalonnent le littoral, les condominiums occupent bientôt chaque crique, les villages prennent des allures de "station", dans les marinas de plus en plus nombreuses, la taille des yachts augmente, la publicité s'empare du regard le long des routes ...
En réalité, nous voici arrivés sur la Costa Esméralda et c'est bien l'homme qui en a modifié l'atmosphère, plus exactement la jet set italienne qui semble s'être emparée des lieux.
La proximité de la capitale régionale, Olbia, offre tous les services de communication et l'intérêt de la ville doit surtout résider dans son développement économique fulgurant, résolument tourné vers le modernisme et l'avenir de marché.
Une autre Sardaigne ici ? Elle semble nous jouer l'inévitable musique bien connue, celle d'un certain développement, même si la promotion immobilière reste élégante et discrète. Bien moins intéressés par cette partition là, nous décidons de nous retourner vers les montagnes de l'intérieur de l'île pour les 3 jours qui nous restent avant de ré-embarquer.
En déambulant à travers les monolithes de pierre extraits par les romains pour y tailler des colonnes de granite au cap Testa, nous saluons Bonifacio à moins d'une vingtaine de km de l'autre côté des bouches. A partir de là, nous retrouvons une Sardaigne plus humble et plus sereine que nous avons tant appréciée.
Salut les itinérants,
RépondreSupprimerTrès beaux textes et photos qui me font redécouvrir la Sardaigne que j'avais découverte il y a plus de 45, moi aussi avec une Liliane,dans une autre vie.
Restez y le plus longtemps possible, l'ambiance en France est mortifère, même ta chère Lozère Alain eet en zone rouge.
Bien à vous deux
Michel
.... il y a plus de 45 ans bien sur
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