DUBLIN

 Avec ce retour à Dublin, se ferme cette boucle de 3000 km autour de l'incroyable littoral irlandais.

Je voulais un dernier bivouac le plus en harmonie possible avec tout ce que je viens de vivre. Alors face à Lambay Island, la presqu'île de Malahide en pleine ambiance automnale est parfaite. Plus de soleil, le camping voisin est fermé, les employés municipaux démontent,( jusqu'aux lampadaires), de vagues installations estivales dans les bourrasques.

Pas de clichés extraordinaires aujourd'hui, pas d'images de nature extravagante, pas de port du bout du monde.

Il y a là, sur la plage, un groupe de gens, à peine plus jeunes que moi, ils parlent fort dans une joyeuse excitation qui contraste avec la tempête, la pluie cinglante et la marée montante aux eaux déferlantes. Tout d'un coup, fort de mon rinçage à vélo d'hier pour chercher le bon pneu, prendre un bus jusqu'à Dublin pour visiter la ville me semble dérisoire et anachronique. En 3 minutes, je me retrouve en maillot de bain au milieu de ces gens, sidérés et contents de voir le vieux français dans l'eau et les vagues avec eux.

La température est de 12°, le vent et la pluie sont forts, les vagues déferlent.

Je ne comprends pas bien ce qu'ils me racontent mais dans les éclats de rire entre-coupés de jeux, de plongeons, de bonne humeur et de gaieté collective, (quand le temps est surtout très maussade et exécrable pour d'autres), je me dis qu'elle est bien là aussi cette si attachante Irlande.

Prendre ce que la nature donne d'une façon énergique et positive, quelque soit les conditions, je l'ai remarqué ici à bien des occasions.

Le bateau, qu'il soit au début d'un voyage ou à la fin, est toujours le bon moyen pour changer de monde. Je vais tenter de ré-embarquer en méditant ces comportements.

Merci Belle Irlande, je ne sais pas si tu viens clôturer mes découvertes européennes (car l'Est ne me tente pas beaucoup), en tout cas tu es sans doute une des plus à la hauteur de cette Grande Europe.

                                                    Bivouacs en Irlande

DONEGAL & ULSTER

A l’extrême Nord du Donegal, la presqu'île couronnée par Fanad Head est un petit trésor d'authenticité irlandaise. 

Composée par un collectif de sculpteurs d'Irlande, chacun dans son minéral local

Ses maisons couvertes de chaume, ses mégalithes sculptées, son littoral sauvage, son live music tard au pub et les gens d'ici... c'est comme "un dernier verre" d'Irlande avant d'entrer en Ulster par Londonderry. Pardon, Derry ! 

En accédant à la colline de Derry pour faire le tour des remparts, l'histoire jalonne la flânerie et offre un panorama de la répartition "rectiligne" de la société anglaise.

 Jusqu'en 1994 les soldats britanniques étaient encore dans la ville. Depuis, l'audacieux pont de la Paix enjambe la rivière Foyle dans une superbe architecture, élancée, tout dans la symbolique du "rapprochement" sur une route sinueuse. 

Et puisque je suis ici, bien sûr je pousse jusqu'à Giant's Causeway, autre lieu mythique et incontournable du tourisme en Irlande. 

C'est très organisé pour recevoir les milliers de visiteurs venus du monde entier, mais le site est vaste et on peut assez vite s'écarter du "picture point" fréquenté par le gros des voyagistes

Les hautes températures anormales sont terminées, je reprends la route vers Belfast... Il fait beau plusieurs fois par jour. 

Au soir, je trouve un bivouac au poil derrière la digue du petit port de Ballycastle, juste devant l'île de Rathlin rendue célèbre par Marconi d'où il envoya son premier message radio. 

J'ai grossièrement suivi le "Wild Atlantic Way"jusqu'au Nord de l'Irlande mais ce sont maintenant les eaux du North Chanel qui baignent le littoral de la "Senic Costal Road" du pays de l'Antrim et celui des Glens. Sur une route tout en surplomb de l'eau, c'est parti pour une succession de vallées verdoyantes qui finissent en 9 baies magnifiques jusqu'à Larne.

 Déjà les prémices de l'industrialisation de Belfast se découpent dans le paysage. Je tente là de faire réparer une roue qui a fini par succomber dans les trous des accotements incertains des routes étroites : réparation impossible, mais toute la gentillesse du garage est là. 

Vue sur les anciens docks depuis un bivouac au château de Belfast

Le Titanic et l'Olympic

Je ne sais rien de Belfast sauf qu'un bateau célèbre a vu le jour ici. Alors comme ma virée en vélo ne m'apporte pas grand chose de la ville, je cherche les docks devenus le "Quartier du Titanic" complètement relooké : espace de mémoire, d'histoire de la vie ouvrière, immeubles de bureaux, promenades et architecture contemporaine sur l'ancien chantier naval, autour des slipways qui ont vu la construction du Titanic. 

Musée du Titanic

Les poteaux représentent l'emplacement de construction des 2 navires

C'est fou comme la nature ou la mémoire collective inspirent des investissements colossaux. Ce navire, fait de tant de superlatifs, entouré de tant d'erreurs humaines, n'a de grandeur que la catastrophe qu'il a engendrée. Et l'Olympique alors ? son sister ship construit en même temps sur le même slipway, qu'a-t-il fait de sa vie ? Pas même un mot sur l'iceberg qui a inscrit le "plus grand" dans l'histoire. 

Curieux les hommes d'aujourd'hui avec leurs constructions prestigieuses comme ces centres d'accueil de Giant's Causeway, de Ceide Fields, des Moher's Clifs...et tant d'autres dans le monde. L'homme organise aujourd'hui une curieuse économie basée sur le sensationnel, la curiosité. Qu'elle soit naturelle, catastrophique ou inavouable, le côté business et la gestion des flux touristiques y prennent parfois plus d'importance que l'objet même du site. Heureusement, l'Europe est là encore pour réhabilité l'espace foncier urbain au quel il faut bien trouver un second souffle.

Inspiré par la série Game of Thrones... Le vitrail est remarquable !

Moche et triste à souhait !

Belfast c'est aussi le pays des muralistes, mais rien à voir avec l'Amérique du Sud

Dans la circulation et le trafic, il est laborieux de se sortir de Belfast vers la péninsule d'Ards, là on arrive en plein pays de Saint Patrick et les édifices religieux en ruines ne manquent pas. Beaucoup d'élevage et assez peu d'intérêt