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06 19
Dans
cette région sud-ouest du Kosovo très marquée par la guerre de 99,
les villes et villages semblent aujourd'hui grouiller d'activité
autour des constructions neuves (à des degrés différents de
finition...), des malls commerciaux à l'américaine, d'innombrables
vendeurs de matériaux de construction, des bazars traditionnels, des
entreprises émergentes, beaucoup de jeunes...
Boosté
par l'aide internationale, c'est un peu comme si un retard
considérable était à rattraper dans l'urgence du 21 e siècle.
A
Décani, la visite du monastère s'impose. Il fait partie des quatre
monuments médiévaux de la province Serbe du Kosovo et Métochie.
(www.decani.org)
moment de visite agréable et riche avec Alexander |
Toujours
en activité, il est parvenu à conserver ses richesses au fil du
temps et surtout son Eglise Orthodoxe Serbe du Christ Pantocrator .
Il est surtout un témoin vivant de l'histoire sanglante des Balkans
et poursuit son oeuvre spirituelle et humanitaire de rapprochement
des peuples et des cultures. La propriété conventuelle s'étend sur
plusieurs hectares et assure une quasi autarcie aux 20 moines de la
communauté agro-pastorale de l'église orthodoxe serbe. Ce symbole
fort, que l'Unesco a classé au patrimoine de l'humanité, fait
encore régulièrement l'objet d'attaques, il est toujours gardé par
les troupes de la Kfor. Nous ne sommes donc pas les bienvenus pour
rester la nuit sur le parking à côté du monastère, considéré
comme zone militaire. Hélas, sans doute pas assez dissimulés dans
la campagne voisine, et éveillant probablement l'inquiétude de
riverains, c'est une patrouille de police qui nous réveille en début
de nuit. Surprise, palabre, contrôle papiers et identités... Et
puis très vite :Désolé, excusez nous, bonne nuit, bon
voyage...! Les touristes étrangers sont encore très rares, et
nous ne sommes pas loin d'être les seuls nomades de notre espèce de
l'année sur ce coin du monde. C'est aussi là, peut être, une des
raisons de la gentillesse et du souci d'ouverture d'esprit des gens
d'ici. (souvenirs du Brésil dans un peu les mêmes conditions)
L'ancienne
capitale, aujourd'hui deuxième ville du Kosovo, Pec, semble avoir
aussi beaucoup souffert. Sa reconstruction se poursuit dans le
désordre urbain des terrains vagues, des ruines, des réseaux
aériens entre-mêlés, des anciennes maisons fortes ottomanes qui
ont résisté, des immeubles inachevés, d'autres accomplis d'un
modernisme extravagant...
Tout cela donne une impression d'absence de concertation et de plan
urbanistique, des implantations anarchiques qui répondent aux anciens découpages
médiévaux de la ville, le tout dans l'urgence de se mettre au
diapason des modes occidentales récemment impliquées dans l'histoire
du pays.
Avant
de quitter la ville, pas question de vous épargner la visite du
deuxième des 4 monastères dont nous avons parlé plus haut, occupé
par des nones celui-ci, et sous surveillance également.
Placé
à l'entrée du canyon de la rivière Rugova que nous remontons après notre
visite en prenant de l'altitude vers la frontière Kosovo/Monténégro.
En
l'absence de poste frontière ici, nous restons ce soir au Kosovo. Retour donc
le lendemain sur nos pas vers Pec, puis plus au nord pour chercher le
passage à 2000 m dans les Montagnes Maudites à la réputation
infranchissable.
Revenir
au Monténégro donne un avant goût du "retour", quelque
chose déjà plus proche de ce dont nous avons l'habitude : routes
meilleures, inscriptions de plus en plus compréhensibles, images
plus autrichiennes qu'orientales, des touristes, des prix qui
repartent à la hausse, moins de fontaines, peut être moins d'ordures
au bord des routes
Une
première nuit au bord d'un lac de montagne aux eaux vertes, entouré
de la forêt primaire du premier PN européen (1870) Magnifiques
arbres plusieurs fois centenaires, mais un couvert végétal sombre
et oppressant...
Monténégro,"Premier
état (auto-proclamé )Écologique au monde ", espérons que son intérêt touristique sera préservé des
opportunistes prêts à n'importe quel business dès que la
géographie et la nature s'accordent à être généreuses.
Heureusement
le canyon de la rivière Tara rivalise en profondeur avec celui du
Colorado, ce qui la rend souvent inaccessible.
Mais
qu'un pont l'enjambe et c'est la fête foraine. Sports d'eau vive
bien sûr, mais aussi quad, zip line, panneau pub, barbouille,
autocars, bouffe, bar, souvenir, plastoc...
Celui
de Djurdjevica, plus long viaduc routier béton d'Europe à son
achèvement juste avant la guerre de 39/45, est connu aujourd'hui
pour les tyroliennes à sensation au dessus de la Tara. Sans doute
bien peu de gens de passage ici connaissent la dramatique histoire de
celui qui l'a réalisé comme ingénieur, fait sauter comme
résistant, mort assassiné comme terroriste sur les décombres de
son ouvrage pas les italiens. Il s'appelait Mr Lazar Jaukovic.
Après
Kotor si connu, le massif du Durmitor est sans doute la plus belle
chose à traverser au Monténégro et c'est en pleine transhumance
que nous y sommes .
Autant
notre bivouac d'hier était des plus végétal, ce soir il est tout
minéral à 2000 m au cœur du Parc National.
Pour
remonter les lacs de barrage sur la rivière Piva nous empruntons une
route tout en encorbellements et en tunnels, pas moins de 56 sur moins
de 60 km
Nous
retrouvons la rivière Tara et ses amateurs de sensations plus au
Nord en Bosnie Herzégovine. Ce soir nous dormons à Sarajevo pour un
bivouac, hélas, plus urbain cette fois et un peu en famille, connexion et
intendance.
Un
moment dans la ville en compagnie d'un excellent guide est finalement
un bon point d'orgue à notre virée balkanique. (www.sarajevoinsider.com)
Haris nous aide à comprendre la situation actuelle qui découle du dernier conflit en Bosnie Herzégovine, l'organisation étatique partagée entre 3 présidents, les aspirations bosniaques au 21 e siècle, son regard vers l'Europe.
Et puis d'un monument à l'autre, d'un quartier à l'autre, l'histoire si complexe de la ville sur la Route de la Soie qui tient autant de Vienne que d’Istanbul.
Si souvent placée au cœur de l'histoire européenne, chaque coin de rue parle de tout ce dont nous croyons savoir sans trop vraiment connaître. Sa période médiévale, puis ottomane, son occupation austro-hongroise, l'assassinat de l'Archiduc, les jeux de 84, son terrible siège de 93 à 96.
Aujourd'hui le monde entier continue de déambuler dans ses rues, à entrer dans ses caravansérails.
Musulmans, juifs, catholiques, orthodoxes, serbes, croates, bosniaques, gens de l'Est et ceux de l'Ouest, ceux qui cachent et ceux qui montrent le maximum d'eux même, tous depuis toujours habitués à cette obligation de tolérance au carrefour des pensées, des cultures et des religions de l'Orient et de l'Occident.
Haris nous aide à comprendre la situation actuelle qui découle du dernier conflit en Bosnie Herzégovine, l'organisation étatique partagée entre 3 présidents, les aspirations bosniaques au 21 e siècle, son regard vers l'Europe.
Et puis d'un monument à l'autre, d'un quartier à l'autre, l'histoire si complexe de la ville sur la Route de la Soie qui tient autant de Vienne que d’Istanbul.
Ces 2 photos prisent au même endroit, l'une regarde vers l'Est, l'autre vers l'Ouest Orient et Occident, Ottomans et Viennois |
Si souvent placée au cœur de l'histoire européenne, chaque coin de rue parle de tout ce dont nous croyons savoir sans trop vraiment connaître. Sa période médiévale, puis ottomane, son occupation austro-hongroise, l'assassinat de l'Archiduc, les jeux de 84, son terrible siège de 93 à 96.
Les "Roses" de Sarajevo, souvenirs des combats |
Aujourd'hui le monde entier continue de déambuler dans ses rues, à entrer dans ses caravansérails.
Musulmans, juifs, catholiques, orthodoxes, serbes, croates, bosniaques, gens de l'Est et ceux de l'Ouest, ceux qui cachent et ceux qui montrent le maximum d'eux même, tous depuis toujours habitués à cette obligation de tolérance au carrefour des pensées, des cultures et des religions de l'Orient et de l'Occident.
Et notre pauvre Europe qui croit avoir
des problèmes devant les mouvements migratoires qui la dérangent !
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