samedi 15 juin 2019

Kosovo/Bosnie


15 06 19

Dans cette région sud-ouest du Kosovo très marquée par la guerre de 99, les villes et villages semblent aujourd'hui grouiller d'activité autour des constructions neuves (à des degrés différents de finition...), des malls commerciaux à l'américaine, d'innombrables vendeurs de matériaux de construction, des bazars traditionnels, des entreprises émergentes, beaucoup de jeunes...
Boosté par l'aide internationale, c'est un peu comme si un retard considérable était à rattraper dans l'urgence du 21 e siècle.
A Décani, la visite du monastère s'impose. Il fait partie des quatre monuments médiévaux de la province Serbe du Kosovo et Métochie. (www.decani.org)


moment de visite agréable et riche avec Alexander

Toujours en activité, il est parvenu à conserver ses richesses au fil du temps et surtout son Eglise Orthodoxe Serbe du Christ Pantocrator . Il est surtout un témoin vivant de l'histoire sanglante des Balkans et poursuit son oeuvre spirituelle et humanitaire de rapprochement des peuples et des cultures. La propriété conventuelle s'étend sur plusieurs hectares et assure une quasi autarcie aux 20 moines de la communauté agro-pastorale de l'église orthodoxe serbe. Ce symbole fort, que l'Unesco a classé au patrimoine de l'humanité, fait encore régulièrement l'objet d'attaques, il est toujours gardé par les troupes de la Kfor. Nous ne sommes donc pas les bienvenus pour rester la nuit sur le parking à côté du monastère, considéré comme zone militaire. Hélas, sans doute pas assez dissimulés dans la campagne voisine, et éveillant probablement l'inquiétude de riverains, c'est une patrouille de police qui nous réveille en début de nuit. Surprise, palabre, contrôle papiers et identités... Et puis très vite :Désolé, excusez nous, bonne nuit, bon voyage...! Les touristes étrangers sont encore très rares, et nous ne sommes pas loin d'être les seuls nomades de notre espèce de l'année sur ce coin du monde. C'est aussi là, peut être, une des raisons de la gentillesse et du souci d'ouverture d'esprit des gens d'ici. (souvenirs du Brésil dans un peu les mêmes conditions)
L'ancienne capitale, aujourd'hui deuxième ville du Kosovo, Pec, semble avoir aussi beaucoup souffert. Sa reconstruction se poursuit dans le désordre urbain des terrains vagues, des ruines, des réseaux aériens entre-mêlés, des anciennes maisons fortes ottomanes qui ont résisté, des immeubles inachevés, d'autres accomplis d'un modernisme extravagant...












Tout cela donne une impression d'absence de concertation et de plan urbanistique, des implantations anarchiques qui répondent aux anciens découpages médiévaux de la ville, le tout dans l'urgence de se mettre au diapason des modes occidentales récemment impliquées dans l'histoire du pays.
Avant de quitter la ville, pas question de vous épargner la visite du deuxième des 4 monastères dont nous avons parlé plus haut, occupé par des nones celui-ci, et sous surveillance également.




Placé à l'entrée du canyon de la rivière Rugova que nous remontons après notre visite en prenant de l'altitude vers la frontière Kosovo/Monténégro.



En l'absence de poste frontière ici, nous restons ce soir au Kosovo. Retour donc le lendemain sur nos pas vers Pec, puis plus au nord pour chercher le passage à 2000 m dans les Montagnes Maudites à la réputation infranchissable.


Revenir au Monténégro donne un avant goût du "retour", quelque chose déjà plus proche de ce dont nous avons l'habitude : routes meilleures, inscriptions de plus en plus compréhensibles, images plus autrichiennes qu'orientales, des touristes, des prix qui repartent à la hausse, moins de fontaines, peut être moins d'ordures au bord des routes 



Une première nuit au bord d'un lac de montagne aux eaux vertes, entouré de la forêt primaire du premier PN européen (1870) Magnifiques arbres plusieurs fois centenaires, mais un couvert végétal sombre et oppressant...








Monténégro,"Premier état (auto-proclamé )Écologique au monde ", espérons que son intérêt touristique sera préservé des opportunistes prêts à n'importe quel business dès que la géographie et la nature s'accordent à être généreuses.
Heureusement le canyon de la rivière Tara rivalise en profondeur avec celui du Colorado, ce qui la rend souvent inaccessible.






Mais qu'un pont l'enjambe et c'est la fête foraine. Sports d'eau vive bien sûr, mais aussi quad, zip line, panneau pub, barbouille, autocars, bouffe, bar, souvenir, plastoc...




Celui de Djurdjevica, plus long viaduc routier béton d'Europe à son achèvement juste avant la guerre de 39/45, est connu aujourd'hui pour les tyroliennes à sensation au dessus de la Tara. Sans doute bien peu de gens de passage ici connaissent la dramatique histoire de celui qui l'a réalisé comme ingénieur, fait sauter comme résistant, mort assassiné comme terroriste sur les décombres de son ouvrage pas les italiens. Il s'appelait Mr Lazar Jaukovic.


Après Kotor si connu, le massif du Durmitor est sans doute la plus belle chose à traverser au Monténégro et c'est en pleine transhumance que nous y sommes .






Autant notre bivouac d'hier était des plus végétal, ce soir il est tout minéral à 2000 m au cœur du Parc National.









Pour remonter les lacs de barrage sur la rivière Piva nous empruntons une route tout en encorbellements et en tunnels, pas moins de 56 sur moins de 60 km





Nous retrouvons la rivière Tara et ses amateurs de sensations plus au Nord en Bosnie Herzégovine. Ce soir nous dormons à Sarajevo pour un bivouac, hélas, plus urbain cette fois et un peu en famille, connexion et intendance.





Ça passe ?
Un moment dans la ville en compagnie d'un excellent guide est finalement un bon point d'orgue à notre virée balkanique. (www.sarajevoinsider.com)



Haris nous aide à comprendre la situation actuelle qui découle du dernier conflit en Bosnie Herzégovine, l'organisation étatique partagée entre 3 présidents, les aspirations bosniaques au 21 e siècle, son regard vers l'Europe. 



Et puis d'un monument à l'autre, d'un quartier à l'autre, l'histoire si complexe de la ville sur la Route de la Soie qui tient autant de Vienne que d’Istanbul
Ces 2 photos prisent au même endroit, l'une regarde vers l'Est, l'autre vers l'Ouest
Orient et Occident, Ottomans et Viennois


Si souvent placée au cœur de l'histoire européenne, chaque coin de rue parle de tout ce dont nous croyons savoir sans trop vraiment connaître. Sa période médiévale, puis ottomane, son occupation austro-hongroise, l'assassinat de l'Archiduc, les jeux de 84, son terrible siège de 93 à 96. 
Les "Roses" de Sarajevo, souvenirs des combats

Aujourd'hui le monde entier continue de déambuler dans ses rues, à entrer dans ses caravansérails.



 Musulmans, juifs, catholiques, orthodoxes, serbes, croates, bosniaques, gens de l'Est et ceux de l'Ouest, ceux qui cachent et ceux qui montrent le maximum d'eux même, tous depuis toujours habitués à cette obligation de tolérance au carrefour des pensées, des cultures et des religions de l'Orient et de l'Occident. 



Et notre pauvre Europe qui croit avoir des problèmes devant les mouvements migratoires qui la dérangent !



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