14/01/19
Au
Sud de Porto, le littoral souvent très urbanisé, ne semble pas
offrir beaucoup d'intérêt en déroulant son cordon dunaire un
monotone au bord des plages à l'infini. Alors on se soigne !...
Cependant,
la région d'Aveiro, un peu comme un delta, constituée par
l'estuaire de 3 rivières, riche en canaux, lagunes, bras de mer,
étangs, nous attire pour l'étape suivante. De loin, se profile un
site industriel et portuaire, posé sur l'eau, émergeant à peine
des basses terres... Peu attractif ?
Mais
de plus près, l'hydrologie complexe de la région révèle tout un
passé maritime et agricole que la récente reconversion industrielle
et touristique n'a pas complètement fait disparaître. La petite
pêche est encore partout, souvent à bord des bateaux emblématiques
de la Ria.
Si
ces saleiros et moliceiros ne sont plus utilisés dans les
travaux agro-maritimes pour récolter le varech comme engrais ou le
sel pour la morue, ils pêchent sur la lagune et se donnent volontiers des allures de gondoles pour touristes en mal de cliché.
Si
on semble avoir oublié l'énorme travail des salines, la pêche est
toujours un acteur majeur de l'économie locale.
Celle
au long cours, à la morue, justement gourmande en sel de
conservation, a disparu mais sa mémoire reste forte. Depuis les
terribles campagnes des grandes goélettes et ses ligneurs à doris
sur le Grand Banc de Terre Neuve, aux derniers chalutiers
congélateurs à pêche latérale, le musée de Ithavo fait revivre
admirablement l'histoire du Grand Métier et du fameux poisson devenu
si emblématique du Portugal.
Bien
après le coucher du soleil, nous retrouvons le camion , "seul
au monde", au retour d'une belle rando sur les chemins givrés
en crête de la Serra da Estrela.
Il
gèle déjà et très vite, chauffage et vin chaud nous
ramènent devant les cartes pour préparer la course de demain vers
les vallées glaciaires ou les lacs d'altitude gelés, forts des bons
conseils de l'office de Manteigas au centre du tout premier espace
protégé du Portugal en Parc Naturel.
Nous
ne regrettons pas d'avoir délaissé pour un temps les rivages
atlantiques pour les cimes culminantes du Portugal en profitant de
cette exceptionnelle saison, encore sans neige à 2000m.
Autre
décor, mais tout aussi magnifique et sauvage. Il nous accompagne
dans une longue balade en périphérie du cirque du Puits
de l'Enfer dans un dédale de
chemins oubliés couverts d'arène granitique et de chaos de roches
en équilibre.
Nous
remontons la belle vallée glaciaire de la Zézère aux parois rabotées par le géant disparu.
Je
n'y croyais pas, mais si ! Pour notre deuxième bivouac dans la
Serra, nous sommes au plus haut qu'on puisse être au Portugal :
Torre, 1989 m.
C'est
aussi la seule et unique station de ski du pays avec "sa"
piste, "son" unique télésiège et un décor à peu près
aussi moche que pour tant d'autres, mais nous ne voulons pas manquer
le lever du jour ici demain.
18
h, la nuit tombe. Le gel accompagne déjà un vent du nord glacial.
Le soleil disparaît derrière les cimes de l'Estrela
qui deviennent bleues. Le balisage éolien s'allume partout en crête.
Le couchant, dans son embrasement, semble prometteur d'une nuit
"polaire".
Il faut dire que le confort du camion rassure
Lili ... Nous nous souvenons de certaines nuits andines à plus de
5000 m beaucoup moins douillettes dans la Babouche ! (voir articles
2014)
Au
matin, (encore vivant !) entre lacs gelés et boules de granite, nous
passons par "le domaine skiable de LA station portugaise",
avant de quitter le Massif de l'Etoile.
Une
descente de 1400 m nous amène dans la Serra de Açor.
Ambiance
cévenole ici, (après celle des chaos granitiques du Mt Lozère...)
Nous
trouvons des hameaux de schiste blottis au fond de profondes vallées.
Depuis peu accessibles par la route, on a longtemps vécu ici en
autarcie avec chèvres et moutons sur les restanques, souvent
abandonnées aujourd'hui. Un peu de tourisme domestique en fait
revivre certains.
Difficile
de sillonner le Portugal sans se retrouver partout sur ces terres
ravagées par les incendies, et pire encore, ici, dans la Serra.
C'est
presque une des rares oasis de verdure épargnée par le fléau des
flammes, ici entre Foz d'Egua et Piodao où nous avons envie de nous
arrêter pour rendre une sorte d'hommage aux gens d'ici.
Bien
sûr les essences anciennes ont presque toutes disparues, remplacées
par le pin et l'eucalyptus entre genêts et broussailles. Nous
partons pour une longue balade émouvante en fond de vallée sur les
drailles moutonnières qui suivent le cours d'eau, entre moulins et
petites exploitations, toutes désertées, mais qui laissent si bien
imaginer la vie simple, au milieu du XX siècle.
Une
source, un versant bien exposé pour établir quelques restanques au
pied d'un mazet sommaire en schiste couvert de lauzes et beaucoup de
peine en famille, suffisaient à faire vivre là des générations,
"une année bonne et l'autre non", dans l'essentiel
de la vie pastorale.
"Pourtant,
que la montagne est belle ...
Depuis
longtemps ils en rêvaient,
De
la ville et de ses secrets..."
Et
voici donc Coimbra, ancienne capitale du pays et son université
légendaire. Même si je n'en ai pas rêvé, une visite s'impose !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire