lundi 12 janvier 2015

BRESIL/Heureux qui comme A.Li.ont fait un beau voyage !



04/01/2015

En descendant l’Amazone
Après la rencontre de Régine et Walter, 2 voyageurs suisses, avec qui nous échangeons pleins de tuyaux, eux venant du Pentanal et allant vers Belém, c’est cette nuit à 4h que nous quittons enfin l’infernale ambiance du port de Manaus.


Entre le déchargement tumultueux d’une barge de sable (1600m3 en 2h !), les relents d’égouts, les bruits et échappements de centaines de moteurs teuf-teuf des tapouilles du port, et partout les inévitables sonos à donf, c’est sur la Sao Miguel, une barge vide, que nous appareillons pour aller allonger le train poussant d’une autre barge, vide elle aussi. Ce qui porte la longueur du convoi à plus de 150 m. Nous voyageons sans camion, sans citerne, sans conteneur et aucun fret (seulement 4 voitures). Bizarre !



C’est encore la nuit quand nous passons la confluence du Rio Negro et du Rio Amazonas et ne pouvons pas photographier le partage des eaux, claires coca-cola pour l’un, très boueuses pour l’autre, chargées de nombreux végétaux et énormes troncs d’arbre à la dérive. Le Rio Madeira doit tenir son nom de cette quantité d’arbres arrachés aux berges qu’il charrie.
A une vitesse de 7 à 8 neuds nous descendons l’Amazone jusqu’au soir pour arriver au confluent du Rio Madeira vers 17h, et commencer la remonté de ses nombreux méandres au sud-ouest ! Là, le courent devient contraire avec plus de 1,5M de m3/mn, la vitesse tombe de moitié !

Remonté du Rio Madeira
Les berges, éloignées parfois de plusieurs km où nous croisions jusqu’alors de nombreux cargos dans les 2 sens, deviennent plus rapprochées avec le seul trafic de barges et autres bateaux à passagers.


Première avarie de barre le lendemain matin, un arbre dans le gouvernail. Accroché à une berge pendant la réparation, nous en repartons qu’au soir.
Le rythme lent de notre progression dans lequel nous nous installons, offre un spectacle permanent. Celui des villages qui semblent sortir seulement de l’ importante montée des eaux de la saison dernière, au moins 6 à 8m au-dessus du niveau actuel, avec des morceaux d’une vie rudimentaire et très isolée que nous pouvons entrevoir le temps de notre passage.


Celui des dauphins roses qui remontent inlassablement le courant, celui d’une végétation époustouflante, les vols de perroquets, les mouvements d’embarcations de tout style, du ciel constamment changeant.






Et puis gym tous les matins avec 30 tours de barge !

10/01/15
Voilà une semaine que nous sommes à bord et encore à 300 km de Porto Velho à vol d’oiseau ! A se demander si la route difficile n’aurait pas été finalement plus simple ? Ce matin Lili me dit : ne serions-nous pas tombés sur les Pieds Nickelés de la navigation sur l’Amazone ?



Poste d’amarrage impeccable !


A quand le feu d’artifice aux feux de navigation avant ?


Après un nouveau tour à la « passerelle », je confirme.
Le timonier de quart se démène avec une barre à roue à transmission à chaine sans démultiplication, très dure et pleine de jeux. Le seul instrument de navigation est un sondeur qui aide à chercher les bancs de sable.

Hormis un projecteur qui éclaire vaguement la berge la nuit  50m devant les barges, tout est une question de pif !... de chance… et, espérons-le de connaissances. Mais, à la brésilienne, c’est la bonne humeur, la gentillesse et la sympathie des gars qui font le reste, et puis sur une barge est inscrit Deus E Fiel .
Accroché à un arbre sur une berge pleine de moustiques pour la nième fois au petit matin, les matelots essayent de changer sous l’eau l’hélice cassée dans la nuit. Le capitaine, lui, sort l’arme fatale, l’objet anti-stress de toute situation, sans doute le plus cool de la vie brésilienne : le hamac, et il se taille une bonne sieste, pour récupérer de la nuit noire qui vient de passer. Car si le jour, la navigation est plus qu’à l’estime, la nuit elle devient approximative, hasardeuse et mouito peligro ! Après 3 heures d’effort, ils remettent en route, vaincus par l’impossibilité d’arracher l’hélice endommagée de l’arbre de transmission… Dommage cette belle toute neuve serait bien aussi !

Nous continuons doucement avec un pousseur qui vibre de toute part…peut être jusqu’à Humaita ! Là, les vibrations sont telles qu’il faut arrêter encore et calfater un peu les bordées
Difficile souvent de connaitre la raison de tous ces arrêts de 1h à une journée : Attendre du carburant, laisser passer un grain plus violent qu’un autre qui ferme toute visibilité, décharger une voiture en équilibre sur deux madriers, faire des courses ou même aller chez le coiffeur…

Nous avons de plus en plus de mal à comprendre le fonctionnement des brésiliens et à quelle type d’économie ils s’attachent. Ils ont tout leur temps semble-t-il, nous aussi d’ailleurs, mais nous n’engageons pas deux barges vides de 30 000 tonnes sur un parcours fluvial à risques de plus de 1000 km, grand consommateur d’énergie (déjà plus de 4 m3 de gas-oil brulés) particulièrement polluant et avec 6 hommes d’équipage qui doivent bien vivre! Nous n’arrivons sans doute pas à nous poser les bonnes questions et le langage reste LE handicape ! Si les gringos que nous sommes ont certainement payé le prix fort de leur passage, il y a longtemps qu’il est déjà bien englouti ! Deus E Fiel, puisqu’on vous le dit !
Peut-être les centaines de barges d’orpailleurs, sur lesquelles règne un semblant de vie précaire, qui jalonnent notre périple, sont un élément de réponse : Hazard, fatalité ? La ruée vers l’or ici ressemble plus à des travaux forcés qu'à l'aventure ? L’or, seule activité du fleuve et encouragée par le gouvernement mais avec prohibition sur le mercure… Et puis quelques pauvres cultures vivrières, mais la montée des eaux rend tout ça aléatoire.




  

12/01/2015 Après un ultime arrêt dans un village pour une rencontre de foot  que l'équipage veut disputer (oui, oui ! c'est dimanche !) on débarque à Humaita dans la nuit en laissant les Pieds Nickelés à leur croisière . Quel plaisir de rouler vers Porto Velho !

4 commentaires:

  1. Enfin maitres de la progression du voyage!

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  2. Belle aventure et bel article amigo
    Biz à vous deux

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  3. Vous avez bien de la chance de naviguer loin de l'ambiance terrible ici en France après les attentats et assassinats monstrueux de la semaine dernière à Charlie Hebdo et dans un hyper juif. Cabu, Wolinski et leurs amis ainsi que d'autres innocents tués par des fous islamistes c'est l'horreur !
    Profitez de vos aventures, bises.

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  4. Maintenant que vous êtes on the road again après cet interlude fluvial assez folklo, faites nous suivre vos aventures pour rêver loin de la mocheté de ce qui se passe et prend des proportions dramatiques.
    Biz jo

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