samedi 29 décembre 2018

Galice, vers Santiago


01 / 01 / 2019


Cette partie de la Galice semble être aujourd'hui avant tout une vaste plantation d'eucalyptus. Une petite incursion dans les terres donne l’ampleur d'une sorte de désertification agricole au profit de cette mono-culture généralisée pour la production de la cellulose et de la patte à papier.

Les orrhéos, ces greniers traditionnels, ont changé de forme mais continuent de parsemer la campagne bien pauvre qui contraste avec l'élevage et l'urbanisme de la côte avec ses grandes maisons aux riches galérias.



Il est tard pour gagner le célèbre Cabo Ortegal, que nous nous réservons pour le déjeuner de demain. C'est à la pointe la plus Nord de l'Espagne, au sémaphore de Barès, que nous faisons halte au pied du phare.



Depuis le Cap Ortégal, à l’environnement bien préservé, la route côtière vers La Corogne est parsemée de nombreux estuaires qui nous contraignent à de vastes contournements jusqu'au fond des rias altas, souvent dans un urbanisme incontrôlé au mélange des genres peu harmonieux. La forêt d'eucalyptus reste partout omni-présente, la moindre parcelle est boisée.



Et puis c'est La Corogne, je n'en connaissais que la première bouée du chenal d'entrée. A bord de Cythère, nous nous y étions amarrés en compagnie du Saint Yves, pour relâcher 24 h dans la brume à l'issue de notre seconde traversée du Gascogne, il y a 37 ans.


Nous découvrons une superbe ville animée, mais sans doute la conjonction du grand beau temps, avec l'animation des rues en période de fêtes dans la bonne humeur espagnole et les commodités parfaites des installations de la marina, me poussent à ce rare positivisme urbain !


Happy houre



La Jeanne d'Arc locale contre Drake

Nous ne serions quitter la ville sans une visite à la Tour d'Hercule. Érigée il y a 2000 ans, elle reste le seul phare de l'antiquité au monde toujours en service depuis. Avant d'être le symbole de la ville, elle fut longtemps celui de l'extrémité occidentale du "monde civilisé".






Sur la Côte de la Mort, hantée par les catastrophes maritimes et autres actes des naufrageurs qui ont parsemé ces rivages découpés, la route côtière nous occupe toute le reste de la journée jusqu'au Cabo Fistera. Pour cette avant dernière magnifique journée de 2018, nous n'étions pas moins de quelques centaines sur ce Cap Finistère à venir regarder le soleil plonger dans l'Atlantique.



Oui, quoi de plus "cliché" qu'un couché de soleil sur la mer me direz-vous ? D'accord.
Pourtant ce qui différencie ce moment là d'un autre, n'est pas la plongée du soleil en elle même, mais bien c'est le lieu même d'où l'on peut l'observer qui en fait un petit événement. Ici, de par la configuration géographique du Cap Finistère en presqu'île avancée dans l'océan et l'époque de l'équinoxe, au jour le plus court de l'année, on y voit le soleil réapparaître au matin sur le même océan, à 150° de moins qu'à son couché la veille au soir. Et à cette heure là, bien sûr, beaucoup moins de monde !





 L'endroit est vraiment magique ! Il faut dire que nous jouissons de conditions météorologiques vraiment exceptionnelles.
150° entre le coucher et le lever du soleil
Elles nous accompagnent toujours à Santiago, enfin Compostela ou....
Saint Jacques La Mecque et c'est tant mieux, la ville est assez austère comme ça, sans en plus devoir s'y arrêter sous la pluie.


 De plus, la fin d'année dans quelques heures, ajoute à l'effervescence urbaine. Mais ici nous sommes loin des bodeggas bruyantes et colorées des autres villes espagnoles. Sans l'immense satisfaction que doit être celle du pèlerin qui parvient au terme de son chemin accompli, nous pénétrons dans la vaste cathédrale romane à 3 nèfles où repose St Jacques et y découvrons toute la démesure d'un de ces lieux de culte ancestraux. Compostelle est redevenu une valeur sûr du pèlerinage...


Et pour ne rien manquer du lieu retrouver la cérémonie quotidienne de 12 h en allant sur :
https://www.youtube.com/watch?v=Xb_uJMvwgxE

jeudi 27 décembre 2018

"Ser espanol es un orgullo, y ser asturiano es un titulo"


27/12/2018

Cet adage espagnol en Asturie ("Etre espagnol est un sujet d'orgueil, être asturien est un titre") est largement partagé avec sa voisine la Galice au travers de leur héritage celtique commun.
Mais pas trop vite ! Nous ne sommes encore qu'en Cantabrie et avant de quitter Bilbao, une dernière image du bivouac, et oui derrière l'imposante "Bombonera footballistique" , il faut le chercher aujourd'hui le Guggenheim !...




En suivant très grossièrement le fameux chemin côtier de Santiago, dit Camino des Angles (puisque El Camino Frances passe plus au Sud dans les terres), la houle du littoral cantabrique sculpte le rivage en nous offrant de superbes plages qui s'étendent au fond de chaque dépression de la falaise.
20 38 39 41


Les surfeurs y font le spectacle quotidien grâce à la douceur du climat.


Les journées ensoleillées, (presque à Noël !), nous donnent une température bien appréciable entre 16/20 ° à la mi-journée et incitent à la flânerie sur les petits ports de pêche comme Castro Urdiales, déjeuner de sardines et d’anchois en terrasse... (Super Boubou, non ?)


Plus à l'ouest, Santillana Del Mar nous plonge dans le médiéval. Nous y sommes seuls pour la visite de son magnifique monastère roman du XII comme dans son dédale de rues pavées que l'on imagine sans peine bondées en été.







C'est une époque plus récente, fin XIX, qui nous attire à Comillas pour une immersion architecturale dans le modernisme. Nous commençons par le palais de Sobrellano que le marquis de Comillas s'est fait édifier en 1881 à son retour des colonies espagnoles, fortune faite à Cuba.







Les guerres d'indépendance n'allaient pas tarder à entraîner le retour d'une noblesse toute neuve qui n'a alors en tête que le soucis d'arborer l'étendue de sa réussite en rivalisant dans la construction de demeures extravagantes. Faisant appel parfois à de prestigieux architectes catalans comme pour El Capricho conçu par le génial Antoni Gaudi.






Gaudi et moi, rêvons ensemble Antoni...

Plus riche encore bien sûr, cette visite chez "Los Indianos," n'est pas sans nous rappeler celle chez "Los Mexicanos" de Barcelonnette (en août dernier) à la démonstration plus modeste sans doute, mais dans la même veine mégalomaniaque. Nous nous en tiendrons là, sans plus approfondir l'origine exacte de la manne miraculeuse coloniale et... négrière, en nous contentant du coup d’œil surprenant et en saluant les gens d'ici qui savent conserver ce patrimoine alors que tant d'autres préfèrent la manne du promoteur-spéculateur faisant table rase du patrimoine (comme chez moi, à Deauville...)
Sur la montagne en face, le séminaire et l'université pontificale. Et oui !...Si tonton Cristobal voulait avoir la bénédiction de ses potes, il fallait sans doute un peu arroser...



Enfin l’équinoxe au bivouac du 21 en balcon sur la mer, offrant la douceur d'une nuit lumineuse à Ribadesella, mais l'insomniaque que je suis n'est pas mécontent de voir la lune décliner et les jours rallonger !



Plus au Sud s'étend la Cordillera Cantabrica avec le parc national Los Picos Europa.



Peu de neige sur les sommets à 2500 m, pas de vent, météo anticyclonique au poil, alors c'est l'occasion de changer de décor. Virage plein Sud. Nous laissons les rivages de la Costa Verde, d'où l'on tire le goémon de l'océan pour engraisser les prairies appréciées de tous,




pour la montagne, mais ... doucement ! esta la hora de la siesta !



Là nous attendent de belles randonnées autour des lacs de Covadonga et de ses anciennes mines de fer et manganèse









Super le bivouac à 1500 m, parfaitement désert et magnifique, mais en plein Parc National ! Nous tentons quand même... Mais vers 20 h une patrouille vient nous déloger gentiment. Il faut redescendre dans la vallée plus humide jusqu'au sanctuario de Covadonga qui rappelle que la cité fut la première d'Espagne à repousser l'avancée des Maures sans qu'ils n'occupent jamais les Asturies. Au matin, 2°, nous poursuivons vers Los Picos De Europa par El défiladero de Los Beyos jusqu'au barrage de Riano.





Nous sommes le 24 décembre, alors nous gagnons Oviédo pour féliz navidad mais la ville ne semble pas avoir d'attrait particulier, l'aire de stationnement est pratique mais assez moche.




Navidad, pour nous, ce sera le 26, à Puerto Vega. Un parking au milieu des eucalyptus avec une superbe rando littorale qui commence dans un estuaire un peu marécageux jusqu'à une plage sauvage et déserte, puis un morceau côtier d'el Camino de Santiago nous conduit au petit port de pêche de Vega pour un moment très appréciable à l'excellente table de la coopérative de pêche où nous nous régalons




Ici, nous prenons toute la mesure de cette côte sauvage des Asturies qui offre une quantité incroyable de vues magnifiques aux allures de Bretagne ou de Cornouailles. Elles sont entaillées d'estuaires, émaillées de falaises, parsemées de récifs entre d'immenses plages et ports de pêche dynamiques très défendus de la mar cantabrico. Pendant qu'en France la flotte de pêche part à la casse, ici on construit partout de ces petits caséilleurs/ligneurs





On peut aussi difficilement passer à côté de ces fameux greniers traditionnels qui, partout, côtoient l'habitation principale. Plus ou moins encore utilisés, ils sont souvent reconvertis en annexe de séjour ou carrément passés dans l'oubli




Mieux vaut quitter la 4 voies express tout en ouvrages de béton suspendus, et accepter de serpenter par la route tortueuse entre mer et campagne verdoyante très agricole concentrée sur l'élevage