24 novembre 2017
Avant
de quitter ce village d'Aberrobello, le soleil veut bien nous donner
un aspect plus lumineux de ces habitations paysannes. Le trullo
d'hier, la hutte du pauvre, construite à l'économie avec l'unique
matériaux disponible, la pierre calcaire, est devenu la curiosité régionale
, la boutique qui fait vendre,ou le loft à la mode.
Nous
quittons peu à peu la vallée d'Itria et ses magnifiques plantations
d'oliviers qui, dans la fraîcheur humide de novembre, s'étendent
dans un renouveau printanier,
Nous
nous approchons des côtes de la mer Adriatique qui ont sans doute
été plus belles avant le développement d'un urbanisme répondant
certainement d'avantage aux critères d'urgence que environnementaux.
Il
faut arriver sur les côtes Est du Gargano, "l'éperon de la
botte", avant Vieste pour retrouver un rivage accidenté et plus
sauvage, tout en promontoires et falaises blanches, encore préservé, parce que moins accessible sans doute.
Au
delà, si la création de la zone Parc Naturel du Gargano il y a 25
ans a freiné le développement des bonnes affaires balnéaires
bricolées, le littoral a eu le temps de prendre l'emprunte
d'installations hideuses, peu entretenues de constructions sans
scrupule.
Quelle
surprise de découvrir l'atmosphère de Monte Sant'Angelo. Un
balcon sur l'Adriatique à 900 m d'altitude où les pèlerins
viennent depuis des siècles se recueillir au Santuario Di San
Michele.
Alors
en bon normand, j'arrive donc ici au terme de ma "Route de
l'Ange"... Depuis le Moyen Âge, elle part du Mont Saint Michel, en
passant par Rome pour se terminer ici, dans la grotte de l'apparition
de l'archange.
Religieux,
croyants et influents de tous temps ont cherché à renforcer les
pouvoirs du site en multipliant ici d'importantes constructions vouées
au culte catholique si attaché aux fastes des représentations, la
mise en scène et le pouvoir des icônes
Bien
évidement l'énorme fréquentation du sanctuaire par les pèlerins
d'Europe draine là les opportunistes de tout poil. Ils y tiennent
commerce de tout et de rien, gris-gris, statuette de l'archange et
autres bondieuseries. Comme partout, dévotion du pèlerin et marché
du temple font bon ménage... Les souvenirs du sanctuaire
Colombien de Las Lajas nous reviennent... (27/4/2015 "Notre dernier pays d'Amérique du Sud")
Nous
préférons nous perdre dans le dédale des ruelles et escaliers
balayés par le vent et l'Histoire, loin des bus déversant leurs
groupes de pèlerins sombres et tristes. Tout en gris, tête penchée
contre la bourrasque, ils semblent porter la misère du monde ou avoir
bien des choses à se faire pardonner ?
16h,
déjà la nuit est presque là et c'est bien. Ce dernier bivouac très
sauvage sur le littoral du Gargano, (que nous n'avons pas envie de
quitter trop vite), face aux Iles Saint Nicolas, est l'occasion d'une
rencontre improbable avec Christine et Patrick, tous deux normands
(de Istres !) et Patrick est marin...alors histoires de voyage et
histoires de marins s'enchaînent.
Le
soleil est revenu mais la fin de notre itinérance italienne
approche. Alors comme pour dimanche quelques rares restaurants
ouvrent leur porte à la clientèle locale, c'est l'occasion d'aller
manger du poisson dans un trabucco. Un mode de pêche traditionnelle
depuis le rivage adriatique qui n'est pas sans nous rappeler les
pêcheries au carlet des côtes vendéennes
Dans
la belle ville de San Benedetto au pied des Abruzzes, nous arrivons
juste pour la passeggiata du dimanche soir sur la digue du port.
C'est aussi l'occasion d'une dernière nuit au bord de l'Adriatique
avant de mettre le cap à l'Ouest en direction des cimes enneigées
des Abruzzes et du Parco dei Monti Sibilli dans les Marches.
Retrouver
l'Ombrie baignée de soleil dans la symphonie des couleurs d'automne
est un régal. C'est aussi comme revenir dans "l'Autre Italie"
propre, organisée et entretenue, sans l'agression des poubelles et
le harcelement des mouches.
Bien
sûr, sur notre route de pèlerin invétéré, nous ne pouvons pas
manquer l'étape à Assise. La ville médiévale de St François
s'endort dans le crépuscule d'une journée magnifique.
Pour terminer ce tour italien avec un dernier trait sur l'importance de son patrimoine historique, culturel et
religieux dans tout le pays, nous entrons une fois encore dans les basiliques San Francisco voir les
fresques de Giotto
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